On a eu droit aux journaux de confinement «nappes Souleiado», à la Leïla Slimani ou Marie Darrieussecq. Comme le linge de maison provençal, cette Covid-littérature sent bon la lavande. On relit Proust, les enfants s'ébattent dans les oliviers, on pense à la vie, à la mort, mais pas trop longtemps : on a une salutation au soleil et des pains au levain à faire ! Et puis, il y a aussi ces textes, beaucoup plus revigorants, qui s'interrogent vraiment sur le pendant, mais surtout sur l'après. «Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire», écrit Michel Houellebecq dans un texte paru le 4 mai - qui n'a manifestement pas trouvé l'apaisement dans quelque tuto de méditation pleine conscience. Ou dans ce que Nicolas Mathieu, Goncourt 2018, appelle «le yoga jusqu'en enfer» : «Chez les enfants gâtés, on fait comme d’hab', on transforme chaque minute en occasion de jouir. Les drames sont définitivement solubles dans le lifestyle.» Chez les enfants gâtés, on parle de lendemains meilleurs, mais on ne supporte toujours pas les petites contrariétés. La pluie, par exemple, ulcère plus d'un confiné : «Sympa, la Toussaint !», peut-on lire, deci delà, dès qu'il tombe deux gouttes. Sans doute eût-il été profitable, entre deux selfies, de relire Sénèque : «La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.»