Au siècle dernier, en prenant à contre-pied les puissants industriels du jouet, il amusait les enfants en séduisant les parents. Jean-Luc Colonna d'Istria était alors le PDG de Bien Joué, catalogue de vente par correspondance de jouets pédagogiques et éducatifs, depuis absorbé par la Fnac. Il fut ensuite, aux côtés de François Lemarchand, le fondateur de Nature & Découvertes, avant de revisiter le concept de la quincaillerie-droguerie en lançant Résonances. «Le design était alors très banalisé et nous voulions compenser cette banalisation par des objets qui avaient de la mémoire», se souvient celui qui se définit lui-même comme un «commerçant intuitif».
Dix ans plus tard, alors que le design a, selon lui, «retrouvé de l'esprit», il met son goût des autres et des objets au service de Merci, concept store parisien né de l'envie de partager de Marie-France Cohen et de son mari Bernard, aujourd'hui décédé, fondateurs de l'enseigne Bonpoint. Accompagné de son camarade de jeux le styliste Daniel Rozensztroch («Nous nous connaissons par cœur, cela fait gagner du temps»), Jean-Luc Colonna d'Istria propose aux visiteurs des rencontres improbables entre des pièces uniques signées par des créateurs et des objets produits en grand nombre. Des choix qui ne doivent rien aux cahiers de tendances des bureaux de style mais tout à ses propres capteurs. «À un moment ou à un autre, tout le monde finit par détester les tendances. L'essentiel, c'est de le faire avant les autres», avance l'ancien élève de Sciences Po et de Dauphine. Mission réussie.