Il avait accepté la mission pour faire une pause intellectuelle après le rachat douloureux d'Habitat, dont il était directeur marketing international, par Ikea. Seize ans plus tard et à bientôt soixante ans, Gérard Laizé est toujours aux commandes du VIA (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement), où son œil expert diagnostique les talents. «Mon rôle est de rendre service à des jeunes designers qui démarrent et à des industriels qui recherchent des compétences, explique-t-il. «Lorsque nous rencontrons un jeune qui a compris son époque et qui a une méthode, nous savons assez vite l'estimer et être à ses côtés pour l'accompagner dans le temps.»
Depuis sa création en 1979, outre des bourses de recherche attribuées à des designers, VIA a financé plus de 400 projets de jeunes diplômés des écoles de création. Avec un même objectif: les connecter à l'industrie. «Qu'il y ait de la communication sur les choses bien faites, c'est normal. Mais lorsque le designer ne travaille que sur la forme sans s'attacher au fond, il y a perversion», martèle ce grand voyageur qui, chaque année, visite 20 à 25 salons et autres événements à travers le monde.
Des rencontres qui nourrissent ses travaux de réflexion prospective et la collection Domovision, vitrine des futurs possibles. «Dans les pays du Nord et au Japon, on voit se développer depuis quelques années des choses très bien pensées, avec une bonne adéquation à l'époque. Nous avons en France quelques jeunes qui sont dans cette approche, mais ni l'industrie ni la distribution ne relaient cette création.» Un gâchis, selon lui.