Stress, mal-être au travail, dépression… Jusqu'ici, le stress était accusé d'être la maladie professionnelle du siècle, mais sans preuves. Ce ne sera bientôt plus le cas. En février ou mars, un collège d'experts du ministère du Travail et de la Santé, lancera le premier indicateur national de mesure du stress.
Dix ans après le Canada, la France aura donc enfin un thermomètre pour mesurer son «SIB», (stress intérieur brut), autrement dit la souffrance de ses salariés. Une petite révolution, car, jusqu'ici, on se contentait de juger qu'une entreprise était stressante quand il y avait des suicides (jurisprudence France Télécom). Avec pour effet pervers que la plupart des sociétés retournaient l'argument: «Nos collaborateurs sont bien traités puisqu'il n'y a pas de suicide chez nous.» D'où une tendance à l'inaction tant qu'il n'y avait pas de drame.
On retrouvait ainsi dans la liste rouge des entreprises de plus de 1 000 salariés n'ayant rien fait contre le stress publiée par le ministère du Travail, en février dernier, plus de 600 sociétés, dont l'Agence France-Presse ou le Groupe Liaisons (Wolters Kluwer France) pour les médias. Et encore, le ministère ne s'est pas penché sur le stress dans les petites structures, comme les agences de publicité.
Une fois cet indicateur national en place, les directeurs des ressources humaines et médecins du travail disposeront d'un outil de comparaison. Et il y a de fortes chances que le gouvernement les oblige à agir sur le sujet car le coût social du stress au travail est estimé à 2 à 3 milliards d'euros, selon l'Institut national de la recherche et de la sécurité (pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles). Les rédactions sont aussi concernées: le cabinet Technologia, en partenariat avec le Syndicat national des journalistes (SNJ), rendra prochainement public une consultation sur «le travail réel des journalistes et son rapport avec la qualité de l'information».