Ah, 1968! Le «flower power», l'utopie sociale, l'art dans tous ses états… Emma Fric n' a pas vécu cette époque mais c'est tout comme. Née en 1969 dans une famille d'artistes, elle a grandi dans cette ambiance ouverte, libre et créative. Son papa est le designer et architecte d'intérieur Bernard Fric, à qui l'on doit notamment la scénographie du musée Louis Vuitton à Asnières, dans les Hauts-de-Seine. Sa maman, Bernadette Fric, historienne de l'art, a longtemps travaillé au Comité Colbert chargé de la promotion des métiers du luxe.
Sans renier cette empathie originelle avec l'univers artistique, Emma prendra une autre voie: un 3e cycle de droit et le Celsa. À 20 ans, elle découvre la sémiologie, Roland Barthes et Umberto Ecco. «Une révélation!, s'enthousiasme-t-elle. C'est exactement ce qui m'intéressait: l'étude des signes, des symboles et leur signification. Comprendre au fond ce qui fait bouger les sociétés sur un plan humain, éthique et social.» Elle ne sait pas encore qu'elle en fera son métier.
Quête permanente
À 22 ans, direction l'Asie «pour explorer, découvrir de nouveaux mondes» puis Londres pendant dix ans, où elle deviendra la directrice de l'agence de design Cato Consulting.
Aujourd'hui, à 40 ans, cette ex-planneuse stratégique dirige le département recherche et prospective de Peclers, un cabinet-conseil en tendances, styles et innovations. Un job sur mesure: responsable du cahier annuel Futur(s), Emma est toujours en état de veille, en quête de ces fameux signes émergents «pour raconter à mes clients de quoi demain sera fait, en termes de valeurs et de leviers de consommation». Alors elle cherche… partout! Sur le Net, dans les magazines, dans les expos, les salons professionnels, les supermarchés et les boutiques des grandes métropoles du monde. Elle hume l'air du temps, décrypte le cinéma, la littérature, organise des tables rondes d'experts. «En prospective, nous n'interrogeons pas les consommateurspuisque nous recherchons les futurs usages et les nouvelles manières de penser», précise-t-elle.
Sa tendance pour 2010: «La nécessité d'intégrer le long terme, et donc l'humain, au cœur du processus d'innovation. Ce qui est la clé d'un marketing durable désirable.»