Ex-directeur des antennes à France Télévisions et à TF1 (époque publique) Pascal Josèphe, 55 ans, préside IMCA, un cabinet qui décrypte les tendances mondiales de la télévision à la fois sur le plan des contenus, des technologies, des comportements et des usages. Associé à Médiamétrie via son service de veille Nota, qui compte plus de clients en Chine qu'en France, il est incontournable pour voir émerger les grandes tendances TV. «Nous avons présenté Big Brother devant 300 personnes médusées au Mipcom 1999», se souvient cet intellectuel raffiné, auteur de La Société immédiate (Calmann-Lévy).
Pour observer les évolutions significatives du paysage audiovisuel, IMCA dispose de correspondants dans une douzaine de pays. Le Japon et la Corée du Sud sont scrutés de près pour les usages, l'Europe occidentale, les États-Unis et l'Australie – «foyer très créatif pour les feuilletons et les jeux» – s'imposent pour la fiction, les faits de société et le divertissement. Quant à l'Europe du Nord, à commencer par les Pays-Bas, c'est bien sûr le royaume du flux, de la télé-réalité au docu-soap. Et la France ? «Nous sommes les champions du monde de l'infotainment, répond Pascal Josèphe. On n'observe dans aucun autre pays ce mélange de spectacle et de politique que l'on retrouve chez Michel Drucker, Laurent Ruquier ou Marc-Olivier Fogiel.»
L'homme voit aujourd'hui se déployer une tendance de fond: «La prolongation des contenus dans une globalité numérique.» De même qu'il a vu avant tout le monde la fiction américaine reprendre les ingrédients de la télé-réalité, Pascal Josèphe perçoit un immense champ à défricher dans les nouvelles combinaisons entre l'antenne et ses prolongements numériques, par exemple via les réseaux sociaux.
Sa tendance pour 2010: «Le renvoi vers l'ordinateur est une grande répétition avant l'irruption du téléviseur connecté à Internet.»
