Chasseurs de tendances
Sarah Lerfel, directrice artistique de chez Colette

Cheveux bruns coupés court et veste beige à fermetures zippées, Sarah Lerfel reçoit au water-bar de la boutique Colette dans le 1er arrondissement de Paris. Elle en est la cofondatrice, la défricheuse et l'acheteuse. Un point de vente conceptuel, dont les choix en matière de mode et de design sont repris par tous les magazines féminins. Mais Sarah Lerfel refuse l'étiquette de chasseuse de tendances: «Je ne me reconnais pas dans ce profil. La presse désigne ce que nous sélectionnons sous le nom de tendances, mais pour nous, ce sont des coups de cœur.»

Pour les dénicher, la méthode de Sarah Lerfel consiste justement à ne pas en chercher. «En matière de mode, je ne me demande pas quelles seront les prochaines tendances, explique-t-elle. Je vais voir des collections à Londres, Milan ou Paris et une minitendance peut naître de recoupements heureux. Je ne suis jamais très sûre, ma démarche est intuitive.»

Relecture exclusive

Un exemple récent de rapprochement heureux a été inspiré par le créateur américain Adam Kimmel. «Il a adopté le thème des cow-boys pour sa collection été 2010, alors que j'ai vu des chemises façon Far West chez d'autres créateurs», raconte-t-elle. Il lui arrive aussi de rebondir sur une mode à travers une relecture exclusive, à l'image des ballerines que Repetto crée chaque saison pour Colette. Pour l'été 2010, c'est le modèle «armée» qui sublimera les pieds des branchées.

Sarah Lerfel n'a pas vraiment d'estime pour les agences qui prévoient des tendances à plusieurs années d'échéance. «Une tendance annoncée six mois à l'avance procure un sentiment de lassitude lorsqu'elle apparaît réellement», observe-t-elle.

Si le calendrier des défilés de mode rythme son agenda, il n'occupe pas entièrement une vie professionnelle très remplie. «J'absorbe comme une éponge tout ce que je vois dans la presse, les défilés, sur Internet, mais aussi des expositions, des rencontres et des voyages», souligne-t-elle. Dans ses années estudiantines, elle ne se destinait pas à ce métier. «J'ai fait des études d'histoire de l'art à l'école du Louvre, glisse-t-elle. Je ne savais pas où je travaillerai plus tard: dans l'art, un magazine, ou ailleurs.»

 

 

Sa tendance pour 2010:  «J'aurais du mal à en dégager une en particulier, mais cela pourrait être le retour à la simplicité dans la mode, marqué par le renouveau de la maison de couture Celine, sous l'impulsion de sa nouvelle créatrice Phoebe Philo.»

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