À bientôt 40 ans, Joël Ronez n'est pas du genre à tergiverser. Quand il a une conviction, il cherche à la mettre en œuvre rapidement. Une quasi-obligation pour qui travaille dans le numérique. «Radio France doit combler son retard, mais il faut également que nous prenions l'offensive sans tarder», explique celui qui a été nommé il y a six mois directeur des nouveaux médias de Radio France, une entité forte de 17 personnes. À son actif, pour l'instant: les nouveaux sites de France Info et du Mouv.
«Joël est quelqu'un de conviction, qui est capable de donner des réponses rapidement», confirme Marie-Laure Lesage, directrice du développement d'Arte France, dont il fut le responsable du pôle Web. En trois ans, il a plongé la chaîne franco-allemande dans le grand bain du numérique, notamment grâce aux web-documentaires, dont plusieurs ont été primés dans de grands festivals internationaux. «C'est quelqu'un qui a une vision très claire des objectifs qu'il veut atteindre et qui sait ensuite faire partager sa vision. Il a un effet d'entraînement assez important», souligne David Carzon, qui lui a succédé au Web d'Arte.
Un enthousiasme communicatif, une force de conviction contagieuse... Des qualités qu'il mobilise aujourd'hui pour réussir, d'ici dix-huit à vingt-quatre mois, le basculement de Radio France dans l'ère numérique. Les effectifs devraient alors passer à 138 salariés, contre 67 actuellement (en incluant les salariés des sites des stations). «Le chantier est important mais j'arrive dans un contexte favorable, puisque les gens sont demandeurs. Je pense que la numérisation de la production dans les années 2000 a été plus difficile», assure-t-il.
Pour gagner la partie, il doit expliquer son projet à tous les échelons. «Je n'ai pas peur de répéter les choses, d'y passer du temps», martèle-t-il. Des qualités qu'il a développées tout au long de ces quinze dernières années, comme formateur nouveaux médias auprès d'étudiants, d'enseignants, de journalistes, de militaires et même de Dominique Baudis, alors maire de Toulouse. «Il a très envie de faire évoluer les choses, il le montre et sait susciter l'envie chez les autres. J'espère qu'il ne va pas se décourager face aux lourdeurs de la maison», avertit Valeria Emanuele, secrétaire SNJ à Radio France.
Un enthousiasme qui peut parfois rebuter ceux qui privilégient une approche moins empirique. «Certains voudraient prendre davantage de temps afin d'être sûrs de réussir. Lui, préfère tester rapidement les choses, car c'est un univers où il faut aller vite, quitte à se tromper», souligne David Carzon. L'échec, Joël Ronez n'en a pas peur. «J'écoute mes intuitions, ma sensibilité, mais j'accepte de pouvoir me tromper. Les échecs instruisent autant que les succès ; ils permettent d'avancer, d'avoir un retour d'expérience», affirme-t-il.
Il a pour lui son expertise des nouveaux médias, sa capacité à comprendre le Web, à déceler les outils et les nouveaux modes narratifs qui s'imposeront demain et sur lesquels il y a un créneau à prendre dès aujourd'hui. Plus que de regarder ses concurrents, Joël Ronez suit son intuition. «Le numérique est un univers nouveau dans lequel il n'y a pas de norme. Il ne faut sûrement pas faire de la concurrence la norme», martèle celui sur qui repose aujourd'hui la révolution numérique de Radio France.
Son parcours en bref
10 janvier 1972. Naissance à Paris
1994. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux.
1999. Directeur du développement d'Alphanet Conseil.
2002. Crée son cabinet de conseil Internet, Cup of tea.
2008. Responsable du pôle Web d'Arte France.
2011. Directeur des nouveaux médias de Radio France.