Après un passage à l’Institut Français de la Mode, Nada Bargachi parcourt le globe valise à la main. C’est en voyageant avec des bagages incomplets que lui vient l'idée de créer Vera, son application de dressing virtuel.
Qui ne redoute pas ce moment où il faut faire ses valises ? Cet instant, Nada Bargachi l’a expérimenté pendant longtemps. Diplômée de l’Université Pierre & Marie Curie et de l’ICN Business School, elle reprend ses études huit ans plus tard à l’Institut Français de la Mode. Avec des déplacements entre New York, Shanghai, ou encore le Maroc, l’entrepreneure sature de tous ces vêtements qu’elle ne sait pas où mettre. Elle en vient à ne pas dormir pendant de longs mois pour réfléchir à une solution. C’est alors qu’elle a l’idée de créer Vera : « Les seules applications sur lesquelles je suis tombée étaient relativement restreintes et très segmentées. Je ne me retrouvais pas là-dedans. En 2018, j’ai commencé à réfléchir aux croquis, et en décembre 2019, il y a eu une première version de l’application », raconte-t-elle dans un hôtel parisien. Le principe est simple : l’utilisateur(trice) prend en photo ses vêtements un par un, et l’algorithme se charge de créer des tenues en fonction de l’événement (mariage, rendez-vous pro, etc.) et de la météo. En voyant que le textile fait partie des industries les plus polluantes dans le monde, et qu’elle continue de progresser, créer un dressing virtuel qui permet d’éviter le gaspillage vestimentaire est tombé sous le sens pour Nada Bargachi.
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Avec l’arrivée de la pandémie, l’entrepreneure met son prototype sur pause par manque de ressources technologiques et financières. Elle décide en mars 2021 de lancer une campagne de crowdfunding sur Ulule. En 24 heures, les objectifs sont atteints. Quasiment un an plus tard, la levée de fonds se termine et Nada Bargachi trouve des investisseurs français à Dubaï : « J’y suis allée au culot. Au départ, ils n’étaient pas très emballés et sur un coup de bluff je leur ai dit que j’étais sur place la semaine d’après, et que ça pourrait être sympa d’en discuter de vive voix. Ils ont alors accepté, et j’ai dû organiser un voyage à la dernière minute pour Dubaï », explique-t-elle en riant.
La cheffe d’entreprise qui dirige une dizaine de personnes consacre désormais tout son temps à sa plateforme qu’elle compte développer davantage. Elle fait partie des 2% de femmes entrepreneures en France qui réussissent à lever des fonds, comme le souligne Vanity Fair, avec un investissement total de 8 millions d’euros. Dans ce secteur dominé par la gent masculine, le chemin de Nada a aussi été marqué par le sexisme et la misogynie à son égard. « J’ai déjà eu affaire à des remarques du style "ça ne marchera jamais’", "c’est quoi cette application pour fanfreluches" ». Au-delà de son dressing virtuel, la fondatrice souhaite « mettre les femmes à l’honneur et leur donner la place qu’elles méritent » – en commençant par son nom en hommage à Vera Molnar, considérée comme une précurseure de l’art numérique et de l’art algorithmique.