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À l'occasion de la sortie du sixième opus de Far Cry le 14 octobre, Ubisoft a confié le trailer du jeu à l’agence DDB Paris. Deux minutes de bande-annonce explosives rythmées par une course-poursuite impliquant un des personnages principaux du jeu.

La température monte dans le film de lancement de Far Cry 6, diffusé le 7 octobre 2021, une semaine avant la sortie du jeu. L’histoire se déroule sur une île fictive des Caraïbes ; Yara, inspirée de Cuba. Son dictateur, également le méchant du jeu, est interprété par l’acteur Giancarlo Esposito, connu pour ses rôles dans Breaking BadThe Mandalorian ou encore The Boys. Situé dans ce qui ressemble à des favelas, un coq un peu barré nommé Chicharron, doté d'un collier de style punk, démarre l’action en échappant à ses malfaiteurs.

Loin du film d’animation pour enfants Chicken Run, l’agence DDB Paris, qui s’est vue confier la création du trailer du dernier-né de la franchise Ubisoft, réalise une course poursuite de 2 minutes inspirée du film La Cité de Dieu. «La scène d’introduction s’ouvre sur les favelas de Rio. L’ambiance y est moite et crade. On y voit un boucher qui découpe des poulets dont un qui arrive à s’échapper et se met à courir. On a adoré cette scène, elle est culte et recoupe tout l’univers de Yara», introduit la directrice artistique de DDB Paris, Clara Noguier. L’équipe pousse l’idée un cran plus loin en montrant un oiseau insoumis et avide de liberté. Sans le savoir, sa course folle va déclencher une guérilla des habitants contre la dictature mise en place sur l’île. «Ou comment créer la traînée de poudre devant le palais présidentiel», poursuit Clara Noguier.

«Le sixième opus de Far Cry reproduit un schéma assez similaire au cinquième sauf qu’au lieu d’avoir un prêtre fanatique issu du Montana, vous avez un dictateur sur une île d’Amérique du Sud», analyse Mathieu Bliguet, commercial en charge du compte Ubisoft chez DDB Paris. Même si les histoires se ressemblent, les créatifs ont reçu un brief totalement différent. «Habituellement, pour les films Ubisoft, nous devons mettre l’accent sur le grand méchant. Mais cette fois-ci, il fallait chercher un autre point de vue, montrer un autre storytelling. En regardant de plus près le brief, nous nous sommes arrêtés sur la présence d’animaux dans le jeu dont un crocodile, un petit chien à roulettes et un coq punk badass, aussi appelés “amigos”. On cherchait un nouveau point de vue, on s’est arrêtés sur le coq», explique le concepteur-rédacteur de DDB Paris, Oliver Le Lostec. 

Casting de coqs

Une fois le scénario mis en place, la réalisation a représenté la seconde grosse partie du travail. L’agence aurait pu choisir la facilité et réaliser un film d’animation classique mais l’équipe voulait un résultat réaliste. Et elle n’a pas lésiné sur les moyens. «Nous avons fait appel au collectif de réalisateurs Traktor après avoir vu leur film pour Nike où un homme faisait du parkour tout en se faisant poursuivre par un coq. C’était un signe qui nous a poussés à travailler avec eux, en collaboration avec le studio de CGI Important Looking Pirates. Et histoire de pallier la mode des films en CGI et au manque de réalisme, nous avons suivi huit acteurs qui jouaient des rôles différents. Nous avons utilisé la technique du motion capture pour capter tous les mouvements et les expressions afin de ramener un peu d’humanité et de folie dans ce film», explique la directrice artistique.

Qu’en est-il du coq ? «Il y a eu un casting de coqs, c’est bien la première fois que je vois ça. Ils se sont rendus dans une ferme et ont choisi celui qui ressemblait le plus au personnage de Chicharron. Ils le faisaient courir, voleter, tomber, avec l’aide de dresseurs. Une fois que les mouvements du coq, ses plumes, sa crête ont été filmés et photographiés, ils ont retravaillé les textures en VFX. Ce travail a demandé plusieurs semaines pour mettre à l’écran son côté un peu maladroit et bébête», répond Clara Noguier. Concernant le dictateur, aucun humain n’a été maltraité puisque tout a été retravaillé en postproduction, puis validé par l’acteur lui-même.

Une course-poursuite n'en serait pas une sans la musique qui l’accompagne. Dans un premier temps, ce sont les sonorités de musiques latino-cubaines qui se font entendre pour laisser place à une musique plus mouvementée. «La réalisation a d'ailleurs été tellement bien reçue par le public à sa sortie que l'éventualité d'une version longue est à l’étude», lancent les créatifs. Cette bande-son a été élaborée sur mesure par le studio son de DDB Paris, composé de Clément Reynaud, Cédric Boït, Alexandre Vicart et Marine Crémer et le DJ d'Oxmo Puccino ou d'Orelsan, Mr Viktor. 

Entre Los Angeles et Stockholm, les essais du film ont vu du pays. Et du temps, puisque l’équipe de l’agence a été briefée en novembre 2019 avec une sortie du trailer prévue en début d’année 2021 mais repoussée en octobre à cause de la pandémie mondiale. «Le covid nous a permis de voir le film autrement. Au départ, nous devions tourner un film en images réelles mais il a fallu revoir nos plans. Finalement, cette contrainte nous a poussés à retravailler la création», confesse la directrice artistique. Le team créatif de l’agence n’en est pas à son coup d’essai pour Ubisoft puisqu’ils ont tous les deux déjà travaillé sur d’autres licences. Mais celle-ci présente un challenge supplémentaire puisque la saga a tout de même 17 ans. «C’est une vieille licence et il est vrai qu’on ressent une réelle pression en ce moment sur nos épaules», avoue, sourire en coin, Olivier Le Lostec. 

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