Grande cause
Pour alerter sur la situation génocidaire au Burundi, We Are Social a réalisé un nouveau film pour la FIDH. Il présente deux aspects du pays : sa beauté mais aussi la fuite de ses habitants.

Agence : We Are Social 

 

Quelques jours avant un référendum visant à légitimer la dérive autoritaire du régime au Burundi, We Are Social a dévoilé «I leave Burundi» un film d’1,10 min réalisé pour la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH). Le brief de départ? «Alerter le grand public et les Nations unies sur la situation du pays» résume Philippe Lesesvre, concepteur-rédacteur chez We Are Social. En octobre 2016, l’agence et l’ONG avaient déjà collaboré dans le cadre de la campagne #StopThisMovie pour dénoncer la situation pré-génocidaire dans le pays. La vidéo avait fait grand bruit auprès du régime burundais qui avait répliqué avec le hashtag #Thisisnotgenocide. Niant toutes les allégations de massacre, les pouvoirs en place au Burundi avaient même mis en avant la beauté paradisiaque du pays.

 

Agence factice

Dans le cadre de cette campagne dévoilée en deux temps, We Are Social reprend dans un premier temps cette idée largement diffusée par le régime burundais. Les trente premières secondes du film mettent en scène la beauté de ce petit pays d’Afrique via une fausse agence touristique lancée sur les réseaux sociaux «Destination Burundi». De la richesse de sa faune à son lac magnifique en passant par une culture du tambour unique au monde, tout est fait pour que la vidéo corresponde à une publicité touristique. «Nous sommes vraiment partis de l’idée de propagande diffusée par le régime. Pour ce faire, nous avons utilisé les codes des réseaux sociaux et demandé à des influenceurs touristiques de relayer la vidéo», explique Vincent Reynaud-Lacroze, directeur de commpte de We Are Social. Quelques jours après la diffusion des images idylliques, We Are Social dévoile le film complet: un retour brutal à la réalité. Des visages : ceux de trois réfugiés burundais en France dans un fond assez blafard, le visage grave. Puis, un message: celui qui rappelle que 400000 Burundais ont dû fuir leur pays pour échapper aux arrestations, à la torture ou aux exécutions.

 

Une campagne sobre

Pour réaliser le film, We Are Social et la FIDH ont travaillé ensemble. «On a demandé à We Are Social d’accepter que cette campagne soit sobre. On ne voulait pas montrer des images de guerre, mais se concentrer sur la dignité des réfugiés», explique Samuel Hanryon responsable presse de la FIDH. L’ONG a par ailleurs mis en relation l’agence et les réfugiés. «Les rencontrer a été le moment le plus marquant du tournage. Leurs histoires personnelles sont absolument tragiques, mais ils tenaient à faire cette campagne. On a conçu par exemple les trente premières secondes du film à partir de leurs témoignages. C'était assez spécial car on a dû utiliser des images d'archives: aujourd'hui, il est impossible de rentrer au Burundi», se souvient Philippe Lesesvre. Et si le tournage n’a pas posé de problème, le principal souci pour Vincent Reynaud-Lacroze était de faire de «ses trois réfugiés les porte-parole de 400 000 individus». L'objectif devrait être atteint: l’un des réfugiés figurants est Pierre Claver Mbonimpa, principal opposant au régime.

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