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Pour 63% des Français, Jean-Luc Mélenchon fait la meilleure campagne.

Il n'est peut-être plus le numéro 3 de la campagne, mais il en demeure le «troisième homme». Selon un sondage Ipsos-Logica Business du 10 avril, Marine Le Pen est repassée devant Jean-Luc Mélenchon au troisième rang des candidats à la présidentielle, avec 15% des intentions de vote, contre 14,5% au leader du Front de gauche. Une autre enquête, signée Harris Interactive, sortie le même jour, témoignerait même d'une certaine stagnation, voire d'un essoufflement de l'engouement suscité par le sénateur de l'Essonne, en le faisant redescendre de 14 à 13% des intentions de vote.

Compte tenu des marges d'erreurs inhérentes à ce type de baromètre, un tel recul n'est cependant pas significatif. Car ce qui domine dans cette campagne qui intéresse les trois quarts des Français, selon Harris Interactive, c'est que Jean-Luc Mélenchon est toujours le candidat le plus marquant, bénéficiant d'une courbe ascendante depuis des mois. Celui dont 63% des Français considèrent, d'après LH2 , qu'il fait la meilleure campagne, devant Nicolas Sarkozy (57%).

Un style qui tranche

Il suffit de regarder les meetings du candidat pour s'en convaincre: Jean-Luc Mélenchon doit beaucoup à son éloquence et à ses qualités de rhéteur, qui font mouche dans les retransmissions des chaînes d'information continue. Le 5 avril, il parvient à réunir 70 000 personnes à Toulouse, selon les organisateurs, et l'on peut se demander qui, du leader du Front de gauche lui-même ou des images de la foule attestant du phénomène Mélenchon, entretient la flamme dans les sondages.

«C'est toujours un peu l'œuf et la poule, explique Adélaïde Zulfikarpasic, directrice du département opinion de LH2. Une partie des personnes pense qu'il monte en puissance parce qu'il fait une excellente campagne, l'autre qu'il fait une excellente campagne parce qu'il monte en puissance.» Suivant que l'on pense que la forme ou le fond prime chez lui, la lecture diffère. Il ne faut d'ailleurs pas exclure des arrière-pensées: «Il fait aussi la meilleure campagne pour 53% des gens de droite, qui reconnaissent en lui le bon orateur, le style qui tranche un peu, proche du Sarkozy de 2007. Mais la progression de Mélenchon fait aussi les affaires des opposants à Hollande», ajoute-t-elle.

Mais qui sont les partisans de Jean-Luc Mélenchon? Une étude Ifop nous rappelle qu'ils sont plutôt ouvriers ou cadres de la fonction publique. Plutôt urbains, masculins et franciliens. Un sondage CSA, paru dans Le Monde du week-end dernier, affirme que le leader du Front de gauche rassemble 16% des 18-24 ans, contre 26% pour Marine Le Pen. Dans L'Humanité dimanche, on pouvait lire pourtant une référence à un sondage LH2 des 30 et 31 mars en faisant le premier candidat des jeunes de 18-24 ans avec... 26% des intentions de vote. «Attention à l'effet de base quand elle porte sur cent électeurs», pointe Adélaïde Zulfikarpasic. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas sur le FN que mord Jean-Luc Mélenchon, mais d'abord sur l'extrême gauche, puis sur le PS et les Verts.

 

Parole d'expert

Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive

Derrière Jean-Luc Mélenchon, il y a la consonance plutôt positive du terme «Front de gauche». Il renvoie au Front populaire, fait explicitement référence à la gauche et fait vibrer la capacité à aller vers le progrès et les classes populaires. A côté de cela, l'homme incarne une gauche plutôt tirée vers le haut, et pas simplement une posture de syndicaliste. Il ne représente plus seulement celui qui tance les journalistes, mais la critique d'une gauche gestionnaire. Face à la mainmise de l'économie, il dit que les politiques peuvent influer sur l'Etat. Il donne à voir, par ses meetings, une forme de dynamique qui dépasse le strict cadre de sa formation politique.

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