Le succès de The Artist a beaucoup à nous apprendre sur l'économie du XXIe siècle. Le film décrit parfaitement les débuts «fordistes» de l'industrie cinématographique. À cette époque, les grands studios pouvaient produire jusqu'à 250 films par an, parfois vendus au mètre… À la sortie de la guerre, ils tournaient à plein régime. L'irruption de la télévision conduisit l'industrie du cinéma à changer de «business model»: investissements sur un nombre limité de «blockbusters», maîtrise des scénarios, externalisation de tous les métiers, diffusion la plus large. Les studios inventaient l'économie de l'immatériel avant l'heure.

La joie de Jean Dujardin sur la scène des oscars ressemblait à celle d'un gamin insolent qui joue un bon tour à son maître! Douglas Fairbanks, lui aussi, aurait certainement bien aimé connaître cette économie qui magnifie les talents et leur assure une diffusion mondiale en quelques clics. Le cinéma donne, en plein écran, une leçon au monde de l'économie tout entier. N'ayant plus les moyens depuis longtemps d'être rigide, elle s'est construite sur une production qui assemble au gré des projets les talents les plus divers réunis par une seule passion, leur métier.

Bel exemple à méditer par les hérauts du «Too Big to Fail»! C'est ce que titre le magazine Inc.: «Why Every Business will be like Show Business». Jeremy Rifkin ne dit pas autre chose: «Les relations entre prestataires et usagers ressemblent de plus en plus aux relations que les industries culturelles ont forgées avec leur public au cours des années. Nous entrons dans une nouvelle époque du capitalisme, plus cérébral, dont l'objet est l'accès au temps et à l'activité de l'esprit (...). L'industrie cinématographique est à l'avant-garde d'une ère nouvelle où l'expérience existentielle de chaque consommateur sera transformée en marchandise sous la forme d'une succession continue de moments et d'événements dramaturgiques et de métamorphoses personnelles.»

Aux côtés de The Artist, un autre film étranger a été célébré ce soir-là: Une séparation, de l'Iranien Asghar Farhadi  C'est l'autre enseignement de cet événement: Français et Iraniens sont les ambassadeurs d'une économie réjouissante. Ils font souffler un vent de talents. Cette fois-ci, il n'est pas d'ouest dominant!

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