Héritière de «la société industrielle», «la société de l'information» permet à chaque individu d'avoir accès à un renseignement en temps réel. La pluralité des sources est ce qui définit notre quotidien: Internet, les magazines, la télévision, les smartphones, l'information est omniprésente.

 

Cette pluralité des sources et l'immédiateté de son accès n'entraînent-elles pas un risque de dilution de l'information? «La génération zapping» est-elle synonyme de «génération bien informée»? Le fait d'être «toujours en alerte» ne nous donne-t-il pas accès trop rapidement à des données brutes, imprécises, voire erronées?

 

Les sources d'information sont multiples, de la plus condensée à la plus étoffée... La plus factuelle étant la dépêche des agences de presse; elle garantit et vérifie les données, ce qui sert souvent de base et de référence aux journalistes. Parmi les différentes sources officielles, on compte également les informations émises par les institutions, les grandes entreprises, les ministères... Une fois passées à travers le prisme médiatique, elles sont enrichies.

 

Quant à Internet, véritable mascotte de l'information «grand public», ce nouveau média brasse toutes sortes de données, des sites les plus fiables aux plus fantaisistes et racoleurs, en passant par le tentaculaire Wikipédia dont les sources ne sont pas toujours validées à 100% mais dont nous devons saluer l'effort d'actualisation constante.

 

Chacun peut ainsi construire son raisonnement et jauger ses sources. Mais, si la France est «hyper-connectée», qu'en est-il du reste du monde? Nous assistons à une «élitisation» de l'accès à l'information, si certains sont «hyper-informés», d'autres ne peuvent tout simplement pas se connecter à ces réseaux.

 

La fracture numérique marque la différence entre les pays riches et les pays pauvres, mais également entre les zones urbaines et les zones rurales. Outre ces disparités géographiques, elle traduit également l'inégalité qui règne en termes d'accès à l'information et donc de liberté de s'informer.

 

Cette multiplication des sources entraîne ainsi une profonde mutation du paysage médiatique. L'avènement d'Internet et la gratuité induite de l'accès à l'information ont ébranlé le modèle économique de la presse écrite.

 

Que sera l'information demain si certaines grandes plumes ne sont plus là pour légitimer nos sources? Nous voyons émerger progressivement une tendance à l'hyper-représentation de la «voix du peuple»: le microblogging, les tweets relaient l'information en temps réel, incarnant à la fois notre hyper-réactivité face à l'information et notre impatience.

 

Ces sources d'information parallèles et ultra-réactives viennent parfois étayer ou infirmer les sources officielles. Dans les pays où la liberté de la presse n'est pas assurée, les réseaux sociaux ont joué un rôle important, constituant alors de véritables caisses de résonance. Notamment lors du Printemps arabe.

 

Cela ne doit pas pour autant faire oublier le principe de vérification, la vitesse étant son ennemi numéro un. Le journaliste apparaît donc en incontestable héraut, sur le terrain ou depuis la rédaction, il reste le garant d'une information fiable dans ce brouhaha médiatique.

 

Si la course au scoop reste le nerf de la guerre, nous aurons toujours besoin de sources fiables pour affirmer et construire notre opinion. Nicolas Demorand, dans son éditorial à propos de l'augmentation du prix de Libération, expliquait «l'information de qualité existe toujours, demeure plus que jamais nécessaire. Mais elle coûte chère à produire. A nous de faire en sorte, journalistes comme lecteurs, qu'elle ne devienne jamais un luxe».

 

En reprenant la célèbre expression d'Antoine Vitez, l'information doit donc être «élitaire pour tous !». Prenons notre temps, ayons le recul suffisant afin de pouvoir adopter un regard distancé vis-à-vis de l'information. Pour 2012: je ne formulerai qu'un seul souhait: revenons à l'essentiel et exerçons notre conscience afin de continuer, chaque jour, à nous forger une opinion fondée sur des informations fiables et objectives.

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