La réindustrialisation du pays est une nécessité qui, si elle ne peut se décréter, doit être la priorité. Elle est l'un des rares remparts, à portée de citoyen, à notre effacement économique programmé par les acteurs extérieurs du marché. Notre pays a connu des vagues récurrentes de désindustrialisation depuis trente ans. Une des plus marquantes fut celle de la sidérurgie. (...)
Il n'y a pas de développement durable sans industrie. Et pas d'industrie sans industrie des médias. (...) Chaque jour un miracle industriel se produit. Une rédaction produit un contenu que des imprimeries vont produire et que des diffuseurs vont nous délivrer. Nous avons là affaire à de véritables marques industrielles, un patrimoine à la fois matériel et immatériel qu'il semble malheureusement difficile aujourd'hui de valoriser. (...)
La presse quotidienne est un produit majeur du "made in France" et un actif essentiel de la marque France. Elle est, au-delà, un élément du patrimoine géopolitique de notre pays, une dimension essentielle de notre "soft diplomacy".
Au moment où nous nous félicitons de l'arrivée de déclinaisons de sites d'information comme le Huffington Post, de magazines comme Vanity Fair, nous ne pouvons accepter de laisser disparaître de notre espace médiatique national des marques telles que La Tribune ou France Soir.
C'est un enjeu démocratique qui dépasse ceux du "made in France". Nos kiosques ne peuvent présenter que six quotidiens nationaux, dont un s'occupe uniquement de sport. Il en va de notre message aux générations futures, au reste de l'Europe et du monde.
Cette industrie mérite un accompagnement spécifique proche de celui de la culture et du patrimoine. Il faut l'inventer, il y a urgence. Le savoir-faire industriel qui disparaît ne revient plus. Il serait triste pour notre pays que celui de la presse s'efface peu à peu.