À l'heure où les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour les marques dans leur stratégie digitale, les partis politiques réfléchissent à leur tour au rôle de Facebook dans l'élection présidentielle à venir. Mark Zuckerberg souhaitait créer un réseau «cool» pour les internautes, il a aussi réalisé le rêve de beaucoup de communicants politiques en offrant sur un plateau tous les outils nécessaires à une campagne militante.
C'est presque trop beau pour être vrai: Facebook permet de travailler l'engagement auprès du candidat, via la mise en relation des sympathisants, l'organisation des actions militantes (géolocalisation, «event», etc.) et la viralisation des messages pour influencer plus de 20 millions d'électeurs potentiels en France. Et pourtant... Ce n'est pas si simple.
En 2012, un sympathisant politique français acceptera difficilement de devenir «ambassadeur» de son candidat sur les réseaux sociaux. Nous sommes arrivés aujourd'hui à la situation paradoxale où il est plus impliquant d'afficher ses opinions politiques sur Facebook que d'assister à un meeting de Hollande ou Sarkozy (une photo ou un «like» laisse plus de traces qu'une participation physique à un événement).
L'UMP, le PS, et les autres, vont devoir prendre en compte cette donnée s'ils ne veulent pas cantonner leurs campagnes d'e-influence aux seuls militants actifs qui eux n'ont pas peur de revendiquer leur appartenance politique. Les partis vont donc devoir combiner à leur campagne classique une campagne digitale conversationnelle neutre.
Comment? En intégrant un niveau de modulation dans leur stratégie de communication pour permettre aux sympathisants de s'approprier les thèmes de campagne sur Facebook, Twitter, etc., tout en leur garantissant cette neutralité essentielle si l'on veut préserver leur influence.
C'est un travail inédit qui nécessite une remise en question impliquant que le message «broadcast» du candidat soit adapté à la communication «peer to peer». La fréquence hertzienne de la campagne classique se transmettant mal sur les réseaux sociaux.
Ce «modulateur» viendrait en complément de l'organisation militante déjà en place et serait une plate-forme d'outils applicatifs (module pour mesurer les effets d'un programme fiscal sur ses impôts...) disponibles sur les différents supports du parti pour tous ceux qui ne souhaitent pas «s'afficher», mais qui se reconnaissent dans les valeurs et les idées du candidat et ont besoin de contenus pour participer à leur manière à la campagne.
Pour les équipes de campagne, le défi consiste donc à transformer le programme de leur candidat en sujet de conversation, en créant non pas des éléments de langage à copier-coller, mais des éléments de conversation prêts à s'approprier-partager par une communauté de sympathisants.