65% des Français ne se sentent pas toujours concernés par les informations traitées.

Jamais les Français n’ont été aussi informés, et pourtant une majorité d’entre eux porte un regard très critique sur les médias. L’étude réalisée par Ipsos pour le quotidien gratuit 20 Minutes sur les Français et l’information­ à l’occasion de l’élection présidentielle le confirme une nouvelle fois. Soixante-cinq pour cent des personne­s interrogée­s disent en effet ne pas se sentir toujours­ concernées par les informations traitées dans les médias, tandis que 63 % considèren­t ces derniers insuffisamment à l’écoute des citoyens et de leurs besoins.
Trois Français sur quatre jugent que les médias­ traitent l’information selon leur orientation politique, et 67 % estiment même qu’ils sont de connivence avec les hommes politiques­. Autre défaut, les médias ne s’adressent­ qu’aux Parisiens pour 40 %, 37 % jugean­t qu’ils ne s’adressent en tout cas pas à des gens comme eux. Globalement, les sondés accordent aux médias une note de confiance de 5,7 sur 10, un score légèrement supérieur chez les femmes (5,9), les CSP + (5,74) et les 25-49 ans actifs (5,92).


L’information se partage aussi

 

Cette défiance ne les détourne pour autant pas des médias. Quarante-neuf pour cent
disent s’informer plusieurs fois par jour, 36 % quotidiennement. En tête des quotidiens les plus consultés­, les journaux régionaux, puis Le Monde, 20 Minutes, Le Figaro et enfin Le Parisien-Aujourd’hui en France. Pour la majorit­é des personnes interrogées (56 %), s’informe­r est une nécessité, plus qu’une habitud­e (44 %) ou qu’un devoir (34 %). Seul un tiers des Français considèrent que c’est un plaisi­r. « C’est parce que l’autorité des médias est disqualifié­e », explique Jean-Marc Lech, coprésident d’Ipsos. Dans ce contexte, quels sont alors les critères qui font que les Français se tournent vers tel média plutôt que tel autre ? 60 % citent la possibilité­ de le consulter quand ils le souhaitent­, 48 % avancent la gratuité, 42 %, la facilité d’accès ou de procuration. Et gratuité ne rime pas avec moindre qualité, selon eux. Pour 78 % des personnes interrogées, l’informatio­n gratuite est même d’aussi bonne qualité que l’information payante. Outre consommer l’information, 72 % la partagen­t, que ce soit par e-mail, sur les forums ou via les réseaux sociaux, 50 % y réagissent, et 30 % la produisent. Une proportion qui grimpe à 50 % chez les 15-24 ans. « La présidentielle­ de 2012 sera la première élection durant laquelle les électeurs ne sont pas juste là pour écouter ce que disent les différent­s médias­, mais également pour y participe­r », ajoute Jean-Marc Lech. Durant la campagne, les Français seront en tout cas 46 % à s’informer davantage. Parmi le type d’information qu’ils aimeraient voir développer par les médias, 65 % citent le contenu des programmes, 36 %, la personnalit­é des candidats, 15 %, les sondages et intentions de vote et seulement 11 % les rebondissements, anecdotes et petites phrases, souvent décriés comme dérives du journalisme politique actuel.


Parole d'expert

«Les gens ne veulent plus se laisser influencer»

Jean-Marc Lech, coprésident d'Ipsos

 

«Depuis 2005, après la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne, les Français entretiennent une relation de défiance vis-à-vis des médias, estimant que l'autorité politico-médiatico-sondagière défend quelque chose qui ne leur convient pas. Aujourd'hui, les médias se trompent dans la légitimité qu'ils défendent et les gens ne veulent plus se laisser influencer. Cela explique notamment le succès des humoristes dans une fonction éditoriale, les éditorialistes des journaux n'ayant plus autorité. Pour survivre, la presse payante devra exister via les communautés, en s'adressant spécifiquement à elles. Je pense que nous allons assister au renouveau de la presse militante des années 1970.»

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