Le 5 octobre dernier le mythe Steve Jobs a poussé les portes de l'éternité tandis que de nombreux hommages lui ont été rendus des quatre coins du monde pour avoir changé notre société. Indirectement, il aura également permis aux media de se réinventer bien au-delà de ce que l'on aurait pu envisager, au profit d'une plus grande diffusion et d'un plus grand partage de l'information.
Tout commence officiellement le 9 janvier 2007 à 9h42, durant le Macworld Conference & Expo après des mois de rumeurs. La salle bondée et déjà conquise a alors le sentiment de vivre un moment historique. Steve Jobs dévoile enfin les dernières innovations de la marque à la pomme. « Well today, we're introducing THREE revolutionary new products. The first one is a widescreen ipod with touch controls. The second is a revolutionary new mobile phone. And the third is a breakthrough internet communications device. An iPod, a phone, an internet mobile communicator. An iPod, a phone, an internet mobile communicator.... these are NOT three separate devices. And we are calling it iPhone! »
Il vient tout simplement de réinventer la téléphonie en créant un terminal totalement révolutionnaire. Quatre ans plus tard, en 2010, sur les 1.6 milliards de portables vendus dans le monde, 20% sont des Smartphones, et l'iPhone en est le leader. Au second trimestre 2011, ceux-ci bénéficiaient d'une croissance de 74% (125% pour l'iphone selon Gartner) et représentait 50% des ventes de téléphone portable en Europe de l'Ouest. Il en va de même avec l'iPad, qui a été vendu à 250 millions d'unités en 18 mois, soit 75% du marché des tablettes.
Au-delà de son succès commercial, l'iPhone puis l'iPad ont totalement bouleversé nos usages jusque dans notre relation à l'information. Ainsi, et selon l'étude européenne « Smart Marketing: Mobilising Your Brand » conduite par Weber Shandwick avec KRC Research, près de la moitié des propriétaires de Smartphones européens « se sentent nus » sans son mobile tandis qu'une personne sur quatre (23%) préfère utiliser un Smartphone plutôt qu'un PC pour s'informer, même à son domicile.
Parallèlement, 18 milliards d'applications auraient déjà été téléchargées depuis l'App Store (source : Apple 2011), dont celles développées par la plupart des groupes de presse qui ont bien compris la formidable opportunité que représentent ces nouveaux formats pour leurs développements. Ce furent d'abord les grands media d'information, dont Le Parisien qui fut l'un des pionniers en la matière en France, puis progressivement d'autres supports : les media audiovisuels et désormais la presse grand public.
Aujourd'hui, il semble que plus aucun media ne peut faire l'impasse sur ce nouveau format, au point que les quotidiens 20 Minutes et France Soir envisageraient même de supprimer leur édition papier.
Mais pour relever les défis que posent ces nouveaux modes de consommation de l'information sur tablette ou smartphone, il ne suffit pas uniquement de lancer des applications performantes ou d'adapter son site web aux contraintes de la mobilité. C'est tout le modèle traditionnel qui doit être repensé, la relation du public à l'information n'étant plus la même.
Ainsi, les nouveaux usages initiés par l'iPhone et l'iPad sont en train de modifier durablement l'approche des media désormais multi-supports (support historique, site web, appli, réseaux sociaux, etc). Parallèlement, les rédactions se réorganisent pour être plus rapides dans la diffusion de l'information et multiplier les occasions d'être en contact avec leurs lecteurs en produisant une information à la fois écrite et audiovisuelle. Pour certains titres, les rédactions web et papiers fusionnent tandis que les journalistes sont invités à développer des communautés en ligne et à dialoguer avec leurs lecteurs.
Bien sûr, de nombreux media ne survivront pas à ce changement, faute de moyen ou de vision, tandis que de nouveaux supports exclusivement dédiés à ces nouveaux usages verront le jour. Ce qui est certain, c'est que notre paysage médiatique est en pleine mutation, tout comme le métier de journaliste dont les pratiques auront également évolués. Il en ira de même avec les agences PR qui ont, là, une occasion sans doute unique de faire prévaloir leur ADN : gestion et maîtrise de l'information doublées d'un sens profond de la relation. Occasion unique...