Plus du tiers des 8-17 ans (36%) ayant un compte sur un réseau social y affichent les marques ou les produits qu'ils aiment. C'est un des nombreux résultats tirés de l'étude TNS Sofres pour l'Union nationale des associations familiales (Unaf), la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) et l'association Action innocence sur l'utilisation des réseaux sociaux par les enfants et les adolescents. Globalement, les enseignements à tirer de cette étude sont mitigés, tantôt inquiétants, tantôt rassurants.
Premier constat, 48% des 8-17 ans ont au moins ouvert un compte sur un réseau social, tous étant sur Facebook, réseau hégémonique par excellence. Dans le détail, 11% des élèves de primaire (8-11 ans), 57% des collégiens (11-15 ans) et 85% des lycéens (15-17 ans) sont présents sur ces réseaux. S'il existe une fracture entre le primaire et le secondaire, les chiffres des plus jeunes restent toutefois très élevés étant donnée l'interdiction théorique de s'inscrire pour les moins de 13 ans, notamment sur Facebook.
Le deuxième point à retenir de cette étude est la relation qu'entretiennent parents et enfants concernant les réseaux sociaux. Les sondés, pour 55%, annoncent discuter des réseaux sociaux avec leurs parents (44% pour les garçons, 65% pour les filles) et 18% déclarent s'être déjà disputés avec eux à ce sujet.
Incivilités sur le réseau
Pour ce qui est de l'utilisation des réseaux, les enfants sont plutôt «francs du collier» puisqu'ils sont 92% à se présenter sous leur vraie identité sur leurs comptes. Ils sont par ailleurs 90% à afficher leur véritable nom et 88% à mettre en ligne une ou plusieurs photos d'eux (83% pour les garçons et 92% pour les filles). À noter que 77% des sondés donnent leur vrai âge ou leur vraie date de naissance, 68% leur adresse e-mail, 67% l'établissement scolaire qu'ils fréquentent et, plus inquiétant, 27% leur vraie adresse postale.
Bien qu'ils soient, dans les faits, un peu naïfs pour ne pas dire imprudents, les jeunes se déclarent plutôt sensibles aux dangers des réseaux sociaux. Ils sont en effet 57% à penser que s'inscrire sur un de ces réseaux comporte des risques, 37% considèrent que «cela dépend». Quatre-vingts pour cent des sondés assurent savoir qui a accès aux informations qu'ils publient, un chiffre qui correspond à celui des répondants qui limitent cet accès à leurs seuls «amis».
Globalement, ils sont au courant des modalités de changement des paramètres de confidentialité, 82% déclarent savoir que ces paramètres existent. Et ils sont 75% à avoir déjà modifié ces réglages, dont 80% chez les jeunes qui discutent des réseaux sociaux avec leurs parents et 67% chez ceux qui ne le font pas.
Un quart des jeunes présents sur les réseaux sociaux y ont subi des «incivilités», c'est-à-dire ont été insultés ou pris pour cibles par des mensonges ou des rumeurs. Ce chiffre monte à 31% pour les filles de plus de 13 ans et à 33% chez les jeunes ayant plus de 300 «amis».
Enfin, on notera que 62% des 8-17 ans savent que l'on n'a pas «le droit de tout dire et de tout écrire sur un réseau social». Chacun jugera si ce chiffre est satisfaisant.
Parole d'expert
Alexane Gautron, chargée de communication à l'agence-conseil Com' des enfants
«Les enfants étant de plus en plus sensibles aux marques, ces résultats ne font que confirmer le fait que les annonceurs se doivent d'être présents sur les réseaux sociaux. Jusque-là, on pouvait avoir des doutes puisqu'un réseau comme Facebook est interdit aux moins de 13 ans. Mais avec 18% de ce public présent sur les réseaux sociaux malgré tout, les marques visant cette cible peuvent difficilement s'en passer. Mais, bien entendu, quand on s'adresse à ce public, il ne faut pas avoir une approche purement commerciale. Il faut faire du ludique pour créer de l'interaction avec les enfants et les adolescents, surtout si l'annonceur n'est pas très connu.»