Institutionnel
7 Français sur 10 ont une bonne opinion des fonctionnaires

Comme l'atteste la campagne de recrutement du ministère de l'Education nationale sur Internet, qui a pris fin le 22 juin, le gouvernement semble désireux de gommer son image de sabreur d'effectifs dans la fonction publique. «L'Education nationale recrute 17 000 personnes», rappelait le visuel de l'agence Lowe Stratéus (budget de cette campagne: 1,35 millions d'euros HT), en glissant au passage, note Rue 89, quelques poncifs sur l'enseignante qui «a trouvé le poste de ses rêves» lorsque l'enseignant, lui, «a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions»…

Alors que le ministère a supprimé 16 000 postes d'enseignants en 2010, selon la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite (33 000 pour cette année-là), ces 500 postes supplémentaires au-delà de la moyenne arithmétique témoignent-ils d'un début d'inflexion? «Si le ministère de l'Education nationale est le premier recruteur de France, c'est aussi l'un des plus gros suppresseurs de postes du pays», assène le site des personnels enseignants de primaires du syndicat FSU.

Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale, continue d'assurer que la règle s'appliquera en 2012, avec 16 000 autres suppressions de postes programmées, tout en précisant qu'il souhaitait qu'il y ait autant de classes primaires à la rentrée 2012 qu'à celle de 2011, même s'il faut s'attendre à la fermeture de 1 500 de ces classes en septembre.

L'Association des maires de France avait d'ailleurs protesté, à la fin mai, contre cette disposition fondée sur la suppression de 8 967 postes d'instituteurs à la rentrée 2011. En visite en Lozère, le 21 juin, Nicolas Sarkozy s'était empressé de lui répondre en annonçant le gel des fermetures des classes primaires en 2012.

A l'approche de la présidentielle, il est vrai, la question scolaire peut devenir un enjeu électoral. Comme le note Jean-François Doridot, directeur général d'Ipsos Public Affairs, l'opinion française évolue sur le sujet du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux: 58% des Français souhaitent désormais que l'on remplace tous ou presque tous les fonctionnaires qui partiront prochainement à la retraite (+6 points par rapport à mars 2007), contre 40% (–6 points) qui souhaitent que l'on n'en remplace qu'une partie seulement.

Classes surchargées, agents qui manquent pour surveiller la cantine ou les entrées, personnels insuffisants pour éviter la triche au baccalauréat… l'école est à l'image des autres fonctions publiques: la réformer, c'est bien, mais à condition de ne pas l'abîmer. «On craint en fait de plus en plus que la poursuite de cette politique finisse par impacter la qualité des services publics auxquels les Français sont très attachés», note Ipsos dans une étude publiée le 14 juin dernier. A 71%, les Français ont en effet une bonne opinion des agents de la fonction publique d'Etat.

Le recrutement semble d'autant plus crucial que l'attractivité du métier d'enseignant est mise à mal par ces coupes drastiques. Le quotidien Metro notait le 21 juin qu'entre 2011 et 2010, ce sont 9 500 candidats de moins qui se sont présentés aux concours externes du Capes, le concours de professeur des écoles. Mais, comme le rappelle La Tribune, 11 600 postes sont ouverts pour la session 2011, contre 15 125 en 2010 et 18 600 en 2008. Pourtant, le ministère devrait connaître un afflux inattendu de départs à la retraite jusqu'en 2012: c'est la dernière année où les mères de trois enfants pourront partir après quinze ans d'ancienneté avec une retraite à taux plein.

 

Jean-François Doridot, directeur général d'Ipsos Public Affairs

«Notre enquête sur les agents de la fonction publique montre que l'on n'est pas dans la caricature d'une mauvaise image, même auprès des sympathisants de droite et des salariés du privé. Il peut exister un débat sur le remplacement des fonctionnaires, mais les Français sont attachés à un système à la française, même après la crise. Si on avait testé une question sur l'embauche massive de fonctionnaires, on aurait eu probablement une réponse négative. Mais la position du gouvernement de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux peut apparaître extrême. Près de six Français sur dix souhaite qu'on remplace tous ou presque tous ces fonctionnaires. Pour les enseignants, par exemple, la perception évolue, car sur quatre ou cinq ans, cela fait de plus en plus d'élèves par classes.»

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