Warren Buffett s'est approprié un poncif très réel qui affirme que la réputation d'une
entreprise se bâtit en vingt ans, mais se détruit en cinq minutes. Il a raison, tout le monde le sait, tout le monde le dit. Depuis vingt ans, il s'est taillé une belle réputation de financier, dont le fonds Berkshire Hathaway n'investit que dans des valeurs sûres. (...) Ses grands principes: «Je n'investis que dans ce que je comprends», «il n'y a pas de nouvelle économie»…

(...) Force est de constater que cela fonctionne à merveille: il est invité partout, son avis est guetté par tout Wall Street, il a l'oreille des grands de ce monde et, cerise sur le gâteau, il est l'un des hommes les plus riches de la planète.

Mais sur le plan de la réputation, et plus précisément de la réputation corporate, que reste-t-il de tout cela? Pas grand chose, à la vérité, si ce n'est celle d'un trader un peu atypique qui a fait fortune à l'américaine, c'est-à-dire de manière grandiose, mais qui semble ne pas l'assumer vraiment sur le plan personnel. Autre question: que restera-t-il? La réponse est terrible: rien!

Alors Warren Buffett a eu une idée géniale (il l'est), qui a sonné le glas du capitalisme de Rockfeller pour ouvrir l'ère du capitalisme durable. De quoi s'agit-il? De son héritage et de sa succession. Si cette dernière n'est pas encore réglée, son héritage est déjà organisé puisqu'il ne laissera à sa famille que 20% de son immense fortune, laissant les 80% restant à la fondation Bill et Melinda Gates.

Cette inspiration géniale – qui fait de ses enfants des gens très riches mais, et leurs enfants après eux, forcés de travailler, donc de produire toute leur vie –, a deux conséquences. La première: celle de maintenir le cours de son action à un niveau plus élevé que la moyenne et de traverser les tempêtes, c'est-à-dire la dernière crise de 2008-2009, sans trop de heurts puisqu'il reste l'une des plus grosses fortunes mondiales.

La deuxième: il était l'un des hommes les plus riches du monde et très connu pour ses formules et aphorismes promus au rang de citations. Il est désormais l'homme d'affaires le plus influent du monde, exemplaire pour une Amérique dont le capitalisme a été ébranlé et vient de vivre, et de faire vivre au monde, une des plus grosses crises de confiance de l'histoire.

La conclusion de cette belle histoire, c'est que la réputation de Warren Buffett restera celle d'un homme d'affaires génial et généreux, et qu'il fait bon investir dans Berkshire Hathaway. La boucle est donc bouclée, c'est donc bien de valeur qu'il s'agit, de celle de son entreprise et donc de l'appétence des marchés financiers pour ses actions. Chapeau l'artiste.

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