50% des Français étaient favorables à un remaniement

Au moment où nous écrivions ces lignes, 48 heures à peine après l'annonce du remaniement gouvernemental du 14 novembre, aucun sondage ne permettait encore de connaître l'opinion des Français sur le sujet. Toutefois, en posant un regard rétrospectif sur l'enquête de l'institut LH2 présentée le 9 novembre sur le site Nouvelobs.com (1), on pourrait en conclure que Nicolas Sarkozy a finalement suivi à la lettre l'avis des Français.

Selon ce sondage, 50% des Français jugeaient en effet un changement «nécessaire» alors que 43% n'en voyaient pas vraiment l'utilité. Les premiers se recrutaient surtout parmi les catégories les moins acquises au président. Ainsi, 58% des sympathisants de gauche étaient logiquement favorables à un remaniement, ainsi que 57% des employés et 63% des ouvriers. De même, plus des deux tiers des moins de 35 ans jugeaient un remaniement nécessaire.

Du côté des plus réservés, on retrouve les soutiens traditionnels de Nicolas Sarkozy, à savoir les sympathisants de droite (à l'UMP, seuls 35% y étaient favorables) et les personnes âgées (37% des 65 ans et plus). Quant aux cadres, seuls 39% d'entre eux souhaitaient une modification de la composition de l'équipe gouvernementale.

Ce changement réclamé par une majorité de Français ne semblait pas cependant concerner le poste de Premier ministre. Si François Fillon ne déchaîne pas les passions – seules 29% des personnes interrogées le citent comme leur personnalité préférée parmi les prétendants ou potentiels candidats à cette fonction –, le locataire de Matignon laisse loin derrière lui Jean-Louis Borloo (13%), longtemps pressenti comme son plus probable successeur. Ne parlons pas des autres premier-ministrables: 7% pour Michèle Alliot-Marie et Christine Lagarde, 6% pour François Baroin et 4% pour Jean-François Copé. À noter tout de même que 17% des sondés ne trouvaient pas chaussure à leur pied parmi les personnalités proposées et que 12% ne se prononçaient pas.

En fait, François Fillon est très largement soutenu par son électorat: 52% des sympathisants de droite (65% de ceux de l'UMP) souhaitaient qu'il reste à Matignon, contre 9% (7% à l'UMP) qui préféraient son remplacement par Jean-Louis Borloo. Ce dernier est davantage apprécié par les sympathisants de gauche (17%, à égalité avec François Fillon). Les 65 ans et plus (49%) et les ruraux (33%) comptent parmi les plus fervents supporters du Premier ministre. 

En somme, le choix final de Nicolas Sarkozy (un remaniement en gardant François Fillon à Matignon) semble plutôt répondre à l'attente des Français. La loi d'airain de la démocratie d'opinion, en quelque sorte. À une nuance près, et de taille: le désir de remaniement émanant majoritairement des opposants au président de la République, ces derniers auront selon toute vraisemblance beaucoup de mal à se satisfaire des aménagements effectués. En revanche, les sympathisants de droite comptant parmi les plus forts soutiens à François Fillon y auront sans doute retrouvé leurs petits. Au vu de leur pression en ce sens les dernières semaines avant l'annonce du remaniement, les élus de droite avaient semble-t-il bien compris le message. 

 

Avis d'expert

 

Erwan Lestrohan, chef de groupe à l'institut LH2

 

«Il est à noter que dans notre enquête, près de 30% des Français, et notamment les jeunes, ne se retrouvaient pas dans les noms des premier-ministrables proposés. À ce fossé s'ajoute celui en matière d'attente sociale des sondés, et cela surtout auprès des populations les moins aisées qui avaient en grande partie contribué à la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. Néanmoins, François Fillon n'est pas une personnalité exclue par cette frange de population. Les premières semaines du nouveau gouvernement seront donc décisives pour savoir s'il donnera ou non un second souffle. Quoi qu'il en soit, la solution adoptée par Nicolas Sarkozy paraît la moins risquée à un an et demi de la fin du quinquennat.»

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