«Des jeux de réflexion aux dernières informations, il y a plein de façons d'améliorer vos trajets quotidiens», annonce une publicité d'Apple. Avec l'émergence des nouvelles technologies et des nouveaux écrans, les usages que les utilisateurs font de leurs temps morts ont considérablement évolué ces dernières années.
Les temps morts se traduisent par une faible activité cérébrale, physique ou relationnelle. Ils sont de deux types: ceux que l'on s'impose (la pause-café ou la plage) et ceux que l'on subit (les transports en commun, les grèves, l'attente du sommeil, etc.). Dans les deux cas, quand l'utilisateur perd du temps, il veut le rendre bénéfique, mais dans une optique différente: se reposer («recharger les batteries», se déconnecter) ou être plus productif (être joignable tout le temps, avancer dans son travail).
L'utilisateur dispose de plusieurs moyens pour occuper ses temps morts (tabac, livre, média, etc.), chaque industrie ayant développé des offres spécifiques. Tous les segments de la population sont concernés par les temps morts, mais à chaque situation correspond un besoin spécifique. Selon une récente étude de l'Insee sur les conditions de vie, les Français font en moyenne 3,7 déplacements par jour et leur temps de transport quotidien s'élève à 66 minutes, une durée relativement stable ces 15 dernières années malgré des disparités selon le lieu de résidence (transports en commun en centre-ville, transports en commun et voiture en proche banlieue, voiture en milieu rural).
Dictature de l'instant
Le secteur des télécoms est le grand gagnant de cette bataille. Au-delà des usages traditionnels (appels téléphoniques, SMS, navigation sur Internet, messagerie électronique, messagerie instantanée) qui se sont déjà imposés, l'industrie des télécoms a vocation à couvrir un spectre d'offres plus large, en partenariat ou en concurrence avec d'autres industries (musique, radio, télévision mobile, jeu vidéo ou livre électronique). L'App Store n'a fait qu'accélérer et décupler le phénomène, en proposant en un temps record un portefeuille de contenus répondant de manière segmentée aux attentes des clients. Les contenus sont ainsi au cœur de la bataille mobile actuelle, et les temps morts en constituent le principal réceptacle.
Les temps morts représentent 15 à 20% du budget de temps quotidien disponible d'un cadre (hors temps de sommeil), soit 1 journée par semaine. Cette ressource peut être exploitée à des fins professionnelles ou personnelles. Dans le cadre de l'activité professionnelle, ce budget est déjà largement exploité (Blackberry), à tel point que de nouvelles problématiques apparaissent, liées au stress et à la dictature de l'instant. L'absence de refuge, notamment pour les cadres, est de plus en plus dénoncée car elle nuirait in fine à la réflexion.
Comme tout nouveau comportement naissant, il est nécessaire que les utilisateurs apprennent à maîtriser ces nouveaux outils et à s'autoréguler. Les opérateurs ont un rôle à jouer en fournissant les outils de contrôle répondant à ce besoin. Dans le cadre de la vie privée, les opérateurs ont tout intérêt à développer l'approche «plaisir» des temps morts, qui reste aujourd'hui peu développée: à quand des offres qui nous rendront dépendants de nos mobiles à tout moment de nos vacances?