On n'a plus d'yeux que pour elle. Elle est le nouveau Graal qui anime les hommes en quête de créativité. Elle, c'est l'inspiration. Notion immatérielle qui habite nos cerveaux et que l'on est toujours totalement incapable de dompter. Certes, Bill Bernbach disait «The Magic is in the product», mais ce côté supérieur de l'objet n'est que la représentation matérielle, l'expression physique de l'inspiration. Un produit ne peut dominer son marché qu'à partir du moment où son inventeur effectue un saut créatif.
La créativité est sans doute le mystère le mieux gardé du cerveau humain. Impossible de comprendre comment le miracle du «Eurêka, j'ai une idée!» se forme dans notre esprit. Certains individus seraient-ils naturellement plus créatifs? L'inspiration peut-elle être cultivée?
Pourquoi un tel intérêt? Parce qu'une bonne idée peut apporter richesse, joie, prospérité et même paix. Alors que la dernière Semaine de la publicité s'interrogeait: «La créativité peut-elle sauver le monde?», plus récemment, des créatifs imaginaient un Impossible Brief, faisant le pari que la créativité pouvait stopper un conflit centenaire. Là où les politiques et les stratèges ont inexorablement échoué, les créatifs seraient capables de réussir.
Recherche fondamentale
En 1939, James Webb Young rédigea un traité, «A technique for producing ideas», devant permettre de créer des idées à la chaîne. Il mit en avant le fait que notre subconscient jouait un rôle, aléatoire certes, mais déterminant dans le processus créatif. L'homme devrait être capable de suffisamment «se laisser aller» pour atteindre un état de transe comme si l'inspiration ne pouvait être purement rationnelle.
Nicolas Bordas a tenté dernièrement de dompter la bête créative en formulant dix commandements devant permettre d'obtenir une «idée qui tue». Mais pour percer définitivement l'énigme, il semblerait qu'il faille se tourner vers celui qui a révolutionné le design: Philippe Starck.
Et si on imaginait une école enseignant la créativité? «Je suis en train de concrétiser un grand rêve, la création d'un laboratoire de recherche fondamentale sur la créativité pure, explique le designer dans Aéroports de Paris magazine d'août dernier. À la différence de ce qui a été étudié jusqu'à présent, ce laboratoire cherchera à comprendre pourquoi et comment naissent les idées.»
Dans un monde où la créativité se veut reine, souvenons-nous des paroles pragmatiques de Thomas Edison: «Le génie est fait de 1% d'inspiration et de 99% de transpiration.»