L'audace était le thème central de la séance de clôture de la dernière université d'été du Medef. Un message lancé par Laurence Parisot aux patrons pour qu'ils mettent plus d'audace dans leur stratégie d'entreprise et se donnent les moyens d'accélérer la sortie de crise.
Pour illustrer «l'étrangeté du monde» et les réponses audacieuses qu'elle implique, des experts inattendus en cette instance côtoient désormais les chefs d'entreprise. Des philosophes, comme Raphaël Enthoven, un navigateur, Olivier de Kersauson, une ancienne otage, Clara Rojas… autant de personnes dont le quotidien n'a rien à voir avec celui des managers et qui apportent un éclairage pourtant très enrichissant sur l'état du monde.
Une façon pour le Medef de signifier que nous ne trouverons pas les réponses à la crise uniquement dans les cercles de patrons ou dans la seule refonte de l'entreprise. Et une impression positive laissée par cette famille de patrons qui agit moins avec corporatisme, mais plutôt à la manière d'un grand «think tank»… poussés, il est vrai, par la crise qui frappe leur entreprise.
On peut s'interroger sur ce qui réunit ces experts de la société civile et des chefs d'entreprise, sur ce qui rend le dialogue possible entre eux. La réponse réside sans doute dans la recherche de sens et la réelle volonté de tous de créer des passerelles entre les mondes. Parce que le sens, les liens sont de vrais remèdes à la crise. Une crise économique, certes, mais aussi une crise de sens.
Cette évolution des universités d'été constitue un exercice différent pour les chefs d'entreprise qui se succèdent à la tribune puisque plus qu'un avis sur leur «business», il leur était demandé un point de vue fouillé, nourri et porteur d'idées pour le débat public.
Un exercice parfois difficile pour certains, car s'insérer dans un débat d'idées n'est pas toujours aisé quand on est habituellement interrogé sur son activité, sa stratégie et ses ratios financiers. D'ailleurs, les médias ne s'y sont pas trompés et ont plébiscité les patrons dont les points de vue et les réflexions sortent du cadre habituel.
Ainsi, si cette rencontre annuelle entre le monde économique et le monde civil est une bonne chose, il n'en reste pas moins qu'elle est insuffisante, ponctuelle et s'arrête aux portes du campus d'HEC.
Chacun repart dans son univers, dans son bureau, dans son usine. Et pourtant, on peut se demander si les chefs d'entreprise n'auraient pas intérêt à prolonger ces rencontres, ces discussions dans le cadre de leur entreprise, comme une source d'inspiration pour la gestion de leur entreprise.
C'est sans doute une période propice pour mettre plus d'audace dans leur communication, plus d'audace dans leur politique relationnelle. Cela implique d'abord une communication adaptée à notre temps et à des publics de mieux en mieux informés par une multiplicité de sources, et donc plus matures et critiques.
Une communication «audacieuse» exclut évidemment toute langue de bois, tout recours au politiquement correct. L'audace en matière de communication est un cocktail vivifiant fait de vérité, de transparence, de réactivité, de proximité, d'interactivité. Et la fortune qui sourit aux communicants audacieux et vient les récompenser s'appelle crédibilité de l'entreprise et connivence avec ses publics…
S'ouvrir au monde non économique pour y puiser des idées, partager avec les collaborateurs leurs centres d'intérêt du moment, se préoccuper de leur employabilité présente et future, être soucieux de l'écosystème de son entreprise, et pourquoi pas passer un peu plus de temps dans la rue pour voir ce qu'il s'y dit et ce qui s'y passe vraiment… autant de pratiques qui pourraient aussi aider les patrons à mettre plus de vie, de sincérité et d'émotion dans leur communication.
Patrons audacieux, patrons «open source»… voilà un beau défi pour nos chefs d'entreprise dans ce monde «étrange» en pleine mutation, mais qui ne saurait leur être étranger.