Avez‐vous vu l'identité visuelle de la Coupe du monde de football 2010? À cette question, l'ensemble de mes interlocuteurs me répond: non ou peut‐être. C'est invraisemblable, l'événement sportif le plus regardé au monde vient de démarrer et son identité visuelle est invisible. Je n'ai croisé aucun enfant portant un t‐shirt flanqué du logo de la Coupe du monde. C'est vrai que j'aurais moi‐même caché le plus longtemps possible cette identité qui n'en est pas une!
Je comprends que c'est un exercice de style compliqué et qu'il a fallu faire des concessions pour avoir une réponse positive de la part de tous les décisionnaires. Mais nous sommes en 2010, c'est la première fois qu'un pays africain organise la Coupe du monde de football, l'événement est historique, et nous faisons un bond en arrière de quarante ans en graphisme.
Cette identité visuelle regroupe tous les clichés attendus: les couleurs du drapeau de l'Afrique du Sud, la forme du continent africain, le dynamisme, symbolisé par les courbes qui jaillissent du pays organisateur, la représentation picturale d'un footballeur africain effectuant une «bicyclette» et une typographie caricaturale. Cette identité visuelle est trop compliquée, il n'y a pas de niveaux de lecture, pas d'idée centrale, aucun style affirmé. Je demande juste une idée forte, traduite simplement, il ne sert à rien de cacher l'absence de concept derrière un foisonnement d'artifices graphiques.
Après une recherche sur Internet, j'ai pu enfin découvrir l'affiche et la mascotte de l'événement. Là encore, stupeur! Le niveau de création est disparate: une superbe affiche qui aurait pu être le «rough» de l'identité côtoie une mascotte manga. Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas de cohérence graphique entre ces trois supports qui sont les piliers du territoire graphique de l'identité de l'événement.
Cet événement planétaire est une marque, une marque qui doit être le fer de lance d'un sport, d'un pays, d'une culture et d'une économie. Cette marque doit porter des valeurs fortes. Cette identité est la traduction visuelle de cet événement et, en tant que designer et amoureux des marques, je suis vraiment déçu.
PS: L'identité visuelle de l'Euro 2016 ne m'a pas réconforté…
