Pour peser sur la scène internationale, notre pays doit se doter de grands groupes et d'entreprises de médias puissants et innovants. Cette industrie est devenue, comme l'énergie, la défense ou la haute technologie, un domaine de souveraineté à part entière. Il y va de notre indépendance, de notre rayonnement et de la capacité de la France d'être entendue.

Or, le diagnostic fait consensus : les médias français s'affaiblissent car leur assise économique et financière est devenue fragile. L'arrivée d'Internet a bouleversé cette industrie.

Des pays ont su s'adapter et trouver, essentiellement grâce aux leviers financiers et boursiers, de l'argent pour développer ce secteur. Ils ont su créer des nouveaux modèles et engendrer, en moins de dix ans, trois générations de Web. La nouvelle vague arrive et démultipliera les images, les sons, les services payants.

Le « tsunami numérique » est rapide. En dépit de l'éclatement de bulles financières, deux industries cohabitent désormais. Une ancienne avec un modèle financier qui s'écroule et une nouvelle avec un modèle économique balbutiant. Dans cet entre-deux, l'État doit jouer un rôle et accompagner les médias dans cette mutation historique. Des mesures ont déjà été prises en France, comme ailleurs.

Elles ont pu se heurter à un décalage naturel entre la vitesse de cette nouvelle économie et la lenteur du processus administratif. La loi est encore en décalage avec les besoins. Le cadre normatif actuel n'est plus adapté aux enjeux internationaux.

Les enjeux de compétitivité n'épargnent pas les médias, confrontés à une concurrence mondiale féroce. Or, avec le coût du travail et des acquis sociaux, même allégés et modernisés, les pays industrialisés ne pourront jamais rivaliser avec les pays émergents comme la Chine, l'Inde ou la Corée du Sud. L'avenir de nos médias dépend donc principalement de notre capacité à l'innovation technologique et à l'élaboration de contenus de qualité.

Le marché des médias français se structure autour de nombreuses PME-PMI et de quelques grands groupes. Les besoins des premières sont connus : l'État doit leur fournir les moyens de la créativité et de la croissance.

Du côté des seconds, il faut impérativement que l'État mette tout en œuvre pour permettre à des médias français de devenir des champions internationaux : il est nécessaire de faire évoluer les règles du jeu, pour améliorer la capacité de tous les médias sans exception, à se développer.

Il faut notamment, d'une part, autoriser un groupe à posséder à la fois une chaîne de télévision, une radio et un quotidien national et, d'autre part, faire évoluer les seuils de détention capitalistique. Nous devons aussi engager une réflexion sur la meilleure façon d'attirer en France les groupes étrangers.

« L'exception culturelle » française permet aux industries de la production audiovisuelle de bénéficier de dispositifs de financement efficaces. Pourquoi ne pas imaginer un système original, adapté au modèle économique spécifique de l'information ? Les solutions sont certainement chez les professionnels.

Aujourd'hui, les moteurs de recherche récoltent plus de la moitié des recettes publicitaires du Net. Cette situation devrait inciter les professionnels à s'organiser et à se rassembler pour offrir un service compétitif et répondre à cette concurrence.

L'État doit être le garant de la liberté, de la sécurité et du pluralisme de la presse écrite ainsi que de toute forme de communication, il doit permettre aux dirigeants de ce secteur de retrouver une autonomie financière essentielle à leur liberté de gestion.

Partout dans le monde, en dépit de la violence de la crise, des entreprises de médias continuent à avancer à une vitesse phénoménale. Leurs parts de marché et leur influence croissent de façon inquiétante.

L'État doit donc ériger maintenant en « priorité nationale » l'allègement des contraintes qui pèsent sur les dirigeants d'entreprises de médias, la protection de nos œuvres, de la créativité, de nos professionnels, de nos valeurs, de notre culture, la modernisation des réseaux, l'investissement dans les nouvelles technologies de l'information.

Les entreprises de médias doivent disposer des moyens de leur développement car ce sont les valeurs de la France et la capacité de notre nation à influencer le destin du monde qui sont en jeu.

Dépassons les idées reçues et admettons donc une évidence : la rentabilité de nos entreprises de médias est une urgence pour garantir la qualité des contenus, la mise en valeur des talents ainsi que l'indépendance et le pluralisme de notre presse.

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