Patrick d'Elme est décédé samedi 6 février à Bordeaux des suites d'une longue maladie. Instituteur, journaliste, écrivain, poète, critique d'art, éditeur, galeriste, organisateur d'événements culturels, puis conseiller en communication et chef d'entreprise, sa vie a été consacrée à la communication.

Président du groupe Francom dans les années 80 (premier groupe de relations publiques et de communication corporate), président de BBDO Corporate et vice-président de BBDO Paris dans les années 90, il avait par sa personnalité hors norme façonné ce métier. C'était un peu le Philippe Seguin de la communication: colérique, drôle, fulgurant, passionné de foot et de la vie en général qu'il a mordue à pleines dents.

Il avait bâti la communication du groupe Carrefour quand celui-ci s'intéressait d'abord à ses clients plutôt qu'à ses finances, il avait été l'artisan du passage de France Télécom au mobile, il avait lancé le permis à points.

Entrepreneur dans l'âme

C'était un humaniste charnel qui avait un respect et une confiance infinis pour les consommateurs et les citoyens. Il avait un sens inné de l'opinion et une connaissance redoutable des médias et de leur fonctionnement.

On peut dire qu'il a élaboré, théorisé et professionnalisé les relations presse, les relations publiques et la communication de crise à la française… Il a surtout formé une génération d'hommes et de femmes aujourd'hui aux commandes. Nombreux sont ceux qui se servent encore aujourd'hui avec un zeste d'émotion du «tableau à 9 cases».

C'était un entrepreneur dans l'âme, enflammé et démesuré. Un passionné qui a toujours cru en l'intelligence des gens et des consommateurs. Théoricien de la confiance, il fut initiateur et promoteur d'une communication corporate responsable et engagée à laquelle il donna ses lettres de noblesse. Nombreux sont les hommes politiques et les entreprises qui ont profité de ses conseils.

C'était aussi l'homme de tous les coups et toutes les démesures. Il fallait rire et rire encore, désarçonner ses interlocuteurs en prenant de la hauteur et descendre en piqué pour frapper par une acuité lumineuse. Jamais de jargon ou de propos fumeux dans ses paroles. Son intelligence, sa douceur et son humanité profonde se retrouvaient dans sa plume alerte, claire, limpide et si pleine.

C'est un grand monsieur de la communication qui tire sa révérence.

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