La pub des années 80, on peut dire que c’était vraiment de la «pub», pour reprendre les termes de l’époque, et pas de la «com» comme on le dirait aujourd’hui. Cela rejoint d’ailleurs le thème de «Pubards » [premier podcast de Stratégies, ndlr.]. C’était une pub très gaie, très débridée, très colorée, souvent humoristique. La ménagère de 40 ans était au cœur de toutes les stratégies, on ne se préocccupait pas du politiquement correct.
Les années 80 était une époque effervescente, avec l'émergence de nouvelles agences et des jeunes patrons très dynamiques à l'instar de Philippe Michel, Jean-Marie Dru, Bernard Brochand, Jacques Séguéla, Jean Jabes et tant d'autres... L’état d’esprit dans les agences était joyeux, compétitif et la pub bénéficiait d'une image très positive. La profession attirait tous les jeunes talents, tant commerciaux que créatifs.
De ces années, les campagnes qui m'ont le plus marqué sont, bien sûr, les affiches Myriam («Demain, j'enlève le bas»), les campagnes Volkswagen, celles du Club Med, «L'héritier» d'Apple, Vittel («Buvez, éliminez»), Citroën avec Grace Jones, Orangina, Chanel avec Vanessa Paradis, «Au secours la droite revient» pour le Parti socialiste...
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Je ne me souviens pas dans le détail des chiffres de la répartition des investissements, mais tous les supports étaient concernés (TV, radio, presse, affichage) et participaient au développement général et à la croissance. On ne connaissait pas la crise dans ces années-là et les Gafa ne pirataient tous les investissements aux dépens des médias classiques comme c’est le cas aujourd’hui.
Nous, les patrons d’agences, nous étions les invités chouchoutés des médias en voyages : c’était l’époque où le journal L’Équipe sponsorisait l’équipe de foot de la pub et invitait tous les ans une quinzaine de patrons d’agences à la finale de la coupe du Monde au Mexique.
C’était l’occasion de s’écharper entre nous, de s’envoyer des vannes, de rivaliser sur la publicité comme sur les terrains de foot, et de sympathiser, avant que la loi Sapin ne mette fin à tout cela.
Enfin, pour finir, avec les années 80 cela a été aussi les débuts de la publicité événementielle dont j’ai été l’un des créateurs et le premier lauréat du Grand Prix Stratégies de la communication événementielle pour l'événenement «La féérie Hausmann».
[Alain Roumagnac est l'auteur de Mes coups en or chez Plon (1988) qui relate ses meilleures opérations.]