Tribune
Face aux enjeux vitaux soulevés par la transformation des entreprises, les expériences, de par leur fort pouvoir de marqueur émotionnel, sont les nouveaux leviers incontournables de transformation des états d’esprits.

La notion d’expérience est aujourd’hui omniprésente. C’est la couche émotionnelle qui aujourd’hui distingue deux produits ou services équivalents. Elle est un nouveau levier de différenciation qui permet d'inscrire durablement dans l'esprit d'une personne un «souvenir mémorable». Celui-ci va pouvoir se créer sur la base de «signature moments». Tout comme un chef cuisinier va bâtir sa notoriété sur un plat signature qui le distingue de ses confrères, les marques cherchent à baliser leur parcours client de ces fameux moments signature qui vont devenir des marqueurs puissants dans l'esprit du consommateur. Par ailleurs, dans une époque où la notion de possession matérielle s'efface derrière la notion d'usage ponctuel, ce n'est plus le produit ou le service qui importe, mais la facilité d'accès et la qualité de cet usage qui prédomine. Le monde professionnel, et en particulier celui de la formation, n’échappent pas à cette tendance. L’expérience devient la pierre angulaire de toute démarche d’apprentissage. Elle permet de s’approprier pleinement les impacts liés à la transformation des entreprises.

On le voit, la relation au travail et à l'entreprise a énormément évolué ces dernières années. Là où chacun est rivé derrière son écran, on ne sait plus distinguer le métier de l'un ou l'autre. Burn out, bore out, bullshit jobs... La perte de sens au sein de son emploi est la principale source de démotivation des salariés. Face à cela, les entreprises tentent de réinventer leur organisation en adoptant les principes de flex-office, de co-création, avec chief of happiness, canapés et babyfoot à tous les étages. L'entreprise a compris qu'elle devait redevenir un endroit source de vie et d'envie, bref, transformer le morne quotidien en expérience de travail ré-enchantée.

De nouvelles perspectives

Face à ces transformations et nouveaux pré-requis, la formation peut jouer un rôle essentiel si elle aussi sait se réinventer et accompagner les collaborateurs de l'entreprise : la conceptualisation de projet, l’analyse de risque, l’appréhension d’un écosystème ou le développement de ses soft skills, tels que l’amélioration de la communication interpersonnelle, la bienveillance ou l’empathie. La formation ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises. Combinée à l’expérience, elle joue alors un rôle d’accélérateur d’acquisition de savoir-faire et de savoir-être. Elle devient intellectuelle et manuelle. Prenons l’exemple du regain d’intérêt pour l’artisanat avec le mouvement des makers ; on y perçoit la volonté de l’homme à manipuler de ses mains. Ce contact physique se retrouve aussi au sein des ateliers de design thinking. C’est l’un des lieux où la créativité s’illustre en «pensant avec les mains»,  «en prototypant avec des Lego» au service de la création d’un nouveau service ou de la résolution d’un processus métier.

L'expérience nous permet de revenir à une démarche centrée sur l'homme. Ce dernier devient porteur d’un savoir précieux issu du terrain, qui redonne du sens à l’action salariale. La formation, associée à l'expérience, prend alors différentes fonctions : émulatrice, inspirante, transformative, émotionnelle, élément de cohésion. Dans un  contexte de digitalisation du monde, chacun ressent le besoin de revenir à des choses plus tangibles, physiques, palpables pour repenser ainsi les schémas : visiter un lieu de production industrielle, se promener dans un quartier en pleine mutation, se confronter à un univers professionnel différent représentent des moments-clés pour ralentir et prendre du recul. Ce type d’approche expérientielle élaborée sur la découverte repose les fondements d’une démarche innovante pour l’entreprise, dont ses membres doivent s’emparer. Le salarié devient acteur de sa formation, en sortant de sa zone de confort intellectuelle.

Quel résultat peut-on attendre d’une expérience collective réussie ? Qu’elle participe pleinement au projet de transformation interne et externe de l’entreprise. Cette formation commune à tous les salariés diffuse une vision collective : la capacité à observer le monde d’après des grilles de lecture différentes et le développement de solutions en adéquation avec les attentes des acteurs marché. Enfin, l’expérience crée une véritable cohésion d’équipe. Pour survivre aux attentes d’un marché exigeant et à la digitalisation rapide, l’entreprise soucieuse de ses collaborateurs doit désormais proposer une expérience collective qui lui est propre.

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