Comme il paraît loin le temps où Alain Peyrefitte exerçait une censure sur l’information ! Et pourtant subsistent des pratiques d’un autre âge, si l’on en croit la mésaventure des Echos qui a été contraint de passer à la trappe une interview d’Elisabeth Borne, la ministre des Transports, après un caviardage trop important des services du Premier ministre. On devine les motifs de Matignon en ces temps de grève à la SNCF : telle expression risque d’être incomprise, telle formulation est trop sensible, il vaut mieux reprendre les éléments de langage du gouvernement… Seulement voilà, il y a, dans cette langue de bois assumée, une arme de destruction massive de l’intérêt que l’on porte à la presse écrite. Trop d’attaché(e)s de presse ou de dircoms exigent des relectures en confondant ce qui relève d’un droit de regard concédé par le journaliste avec un pouvoir d’amendement. Rappelons donc le b.a.-ba : il n’y a pas d’interview sans relation de confiance. Chacun est libre d’accorder ou de refuser un entretien. Mais il en va du respect des journaux que de ne pas revenir sur ce qui a été explicitement déclaré. Censurer une interview écrite, alors que les médias audiovisuels ne sont soumis à aucune pré-audition, revient à vouloir affaiblir la presse.