C’est un détail mais qui en dit long. Le 21 décembre, Françoise Nyssen vient devant les journalistes, rue de Valois, à l’issue de la première réunion entre patrons de l’audiovisuel public. Sitôt son allocution terminée, la ministre refuse de répondre aux questions, et s’éclipse. Craignait-elle d’être interrogée sur le cas Mathieu Gallet dont une condamnation en première instance apparaissait inévitable ? On eut en tout cas compris que la doctrine soit posée a priori. Qu’elle dise alors qu’un dirigeant public condamné par la justice pour favoritisme devait, à son sens, démissionner. Mais en intervenant comme elle l’a fait dans Le Monde a posteriori, en appelant au « devoir d'exemplarité » le dirigeant condamné à un an de prison avec sursis et l’inviter ainsi que le CSA à « en tirer les conséquences », voilà qui ressemble fort à une opération de reprise en mains au sommet. Car c’est bien sûr Macron qui signifie ainsi au CSA la conduite à tenir, niant du même coup l’indépendance de l’instance appelée mercredi à se prononcer sur la situation. Sauf à risquer un conflit ouvert avec le pouvoir, le CSA n’a plus qu’à se déjuger lui-même, montrant du même coup que son choix était caduque. Ou à attester qu'il est difficile de nommer et de défaire. Le piège parfait.