Les patrons de presse français sont-ils nuls? Un livre, qui vient de paraître, invite à poser - brutalement - la question. Sa réponse est dans le titre de son ouvrage: «Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais». Son auteur, Jean Stern, est un journaliste expérimenté dont le champ d'analyse est circonscrit à la presse nationale d'information générale. Autant dire une fraction réduite de ce qu'est aujourd'hui la presse française.

 

Mais le propos peut être élargi à l'ensemble de l'industrie de la presse. Coûts fixes et variables, investissements, endettement, actionnariat, mais aussi relations sociales, management, cadre législatif et réglementaire, environnement technologique, appareil industriel, produit... Un patron de presse - parfois ancien journaliste, le plus souvent «manager professionnel», plus rarement un hybride - est confronté au quotidien à tous ces paramètres et à bien d'autres encore.

 

Certains sont de sa responsabilité directe, comme le produit qu'il vend ou les investissements qu'il décide, d'autres lui échappent plus ou moins complètement, comme le coût de la matière première qu'est le papier et le circuit de distribution. Il n'empêche. Dans le champ de ruines que semble parfois devenue aujourd'hui, à bien des égards, la presse française d'information générale, la question de la responsabilité des dirigeants des entreprises de presse - transformés pour certains en syndics de faillite -, est posée.

 

Chacun le sent bien, le temps de l'examen est venu (le constat est partagé par l'ensemble de la filière, pouvoirs publics et parlementaires compris). Non pour décerner bons et mauvais points mais pour comprendre, et tracer des pistes d'avenir. C'est l'objet de l'enquête de ce numéro (lire page 6). L'actualité est bonne fille: dans leur bras de fer avec Google, on verra si les patrons de presse français sont si nuls que ça...

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