A la frontière de la communication et de la politique, «l'affaire des pigeons», ce «mouvement de défense des entrepreneurs français» hostiles à la taxation des plus-values de cession d'entreprise prévue par le projet de budget 2013, est des plus éclairantes. On peut en tirer trois enseignements principaux (lire aussi pp. 8 et 46).
Le premier est que la force de frappe d'un petit groupe aussi organisé que déterminé n'est jamais à sous-estimer. C'est un classique de l'art de la guerre (et de la guérilla) mais, à l'heure des réseaux sociaux, la capacité à faire mouvement en démultiplie l'efficacité. Cette force d'action rapide 2.0 a su frapper vite et fort. Avec le relais des vieux médias, comme il se doit.
Les Net-entrepreneurs et Net-investisseurs qui ont fait plier Bercy en quelques jours seulement ne sont pas que de sympathiques geeks. C'est le deuxième enseignement. Sous des dehors parfois libertariens, ces adeptes du mouvement ont flirté dans cette affaire avec des positions de gérants de patrimoine, voire de rentiers. Ce qui est tout de suite bien moins cool.
Enfin, la marche arrière enclenchée par Bercy traduit une étonnante fébrilité dans la communication et la pédagogie de la politique de François Hollande. De deux choses l'une: ou bien la mesure envisagée était néfaste et il ne fallait pas la préparer; ou bien elle était justifiée par la mise en œuvre d'une politique fiscale et il ne fallait pas céder - à tout le moins de la sorte...
Avoir passé des mois de campagne électorale à dénoncer la façon dont le précédent gouvernement se serait essuyé les pieds sur les corps intermédiaires et donner suite, presque en «live» sur les chaînes d'info, Twitter et Facebook, à cette Net-jacquerie de luxe, voilà qui laisse pantois. A qui le tour?