En rédigeant deux tweets à quelques minutes d'intervalle, jeudi 6 septembre en fin de journée, sur un rachat de Fullsix par Havas («Rumeur insistante: Fullsix racheté par Havas?»; «A priori confirmé: Fullsix racheté par Havas»), @matfree a sacrément agité le Landerneau. Et peut-être fait bouger les lignes (lire page 32). Car @matfree n'est autre que Mathieu Morgensztern, PDG de Digitas France, filiale de Publicis Groupe, concurrent direct et indirect des deux sociétés concernées.
L'affaire n'a pas tardé à faire le tour du petit milieu. Un peu plus d'une heure plus tard, @davidjoneshavas - David Jones, PDG d'Havas - démentait. Une heure encore n'avait pas tout à fait passé que @mtinelli - Marco Tinelli, PDG de Fullsix - démentait à son tour, alors même qu'en fin d'après-midi il se disait résolu à rester dans le «no comment». (Au passage, il se fendait de son... premier tweet!) Quant à @matfree, il diffusait en toute fin de soirée un nouveau tweet: «Démenti selon les intéressés. A suivre.»
A suivre en effet. Qu'une affaire concernant des sociétés dont certaines sont cotées en Bourse se soit développée sur Twitter sans donner lieu à des communiqués de presse en dit long sur les mutations en cours. On sait par ailleurs que la frontière entre vie publique et vie privée est très largement abolie sur les réseaux sociaux. Le profil Twitter de @matfree ne fait pas mention de ses occupations professionnelles: qui peut croire que ses 501 abonnés (au 10 septembre) ignorent qu'il préside Digitas France?
Les patrons, notamment dans la communication et les médias, ne sont pas rares sur Twitter. Mais leurs propos sont le plus souvent d'ordre promotionnel ou informatif. S'ils se mettent à emprunter les travers de la classe politique (cf. @valtrier), ils vont nous tuer le métier!