Combien gagnent les publicitaires? Les données publiques manquent cruellement pour répondre à cette question. Incapacité à rassembler des informations sérieuses ou volonté d'opacité? Difficile de trancher, mais cela nourrit les soupçons et alimente les fantasmes, des années après la loi Sapin. Car les publicitaires sont encore souvent perçus comme une population dorée sur tranche. Caricature, certes, mais tel est bien l'un des éléments du décor dans une pièce qui se joue depuis des années : les relations annonceurs-agences.
L'enquête exclusive que nous publions dans ce numéro ne vise pas à désigner un corps de métier à la vindicte, mais à apporter à nos lecteurs des éléments d'information. Deux chiffres: le salaire brut annuel médian d'un directeur commercial est de 87 500 euros, celui d'un directeur de la création de 110 900 euros, selon les données recueillies par le cabinet Firebrand (lire page 42).
Est-ce beaucoup? Trop? Nous n'avons pas l'avis des directeurs des ressources humaines d'agences, la plupart ont refusé de s'exprimer sur le sujet. On comprend mieux pourquoi en examinant les pyramides salariales dans ces entreprises: les écarts de rémunération peuvent atteindre de 1 à 50. Elément de crispation dans la relation avec les annonceurs, le salaire des publicitaires est aussi un sujet tabou en interne.
Dans la guerre des talents que se livrent les agences, la rémunération reste une arme décisive. Or, sur fond de paupérisation d'un secteur d'activité et de compétitions de plus en plus amèrement disputées, la guerre bat son plein.
Post-scriptum cannois. Moins de Lions mais davantage d'or et, comme prévu par les meilleurs pronostiqueurs, un Grand Prix (BETC pour Canal+, en Film Craft): pour les agences françaises, le bilan est paradoxal. A lire page 8, et à méditer pour l'année prochaine.