Ce sera sans doute l'un des mots de l'année: normal. Dans Le Petit Larousse, l'adjectif est défini ainsi: «1.Qui est conforme à une moyenne considérée comme une norme; habituel; qui n'a rien d'exceptionnel; ordinaire. 2.Qui ne présente aucun trouble pathologique; sain.»

François Hollande est-il normal? On a peu de raisons d'en douter. Mais quel paradoxe tout de même de constater, rétrospectivement, que la construction de la crédibilité du futur candidat, entamée au deuxième semestre 2010, commence par quelque chose d'assez peu banal: la disparition de «fraise des bois» et de «monsieur petites blagues», et sa réapparition, une dizaine de kilos en moins, visage sévère et soucieux.

Une transfiguration est-elle normale? Ce régime, ou plus exactement le récit de ce régime, avait pour véritable objectif de démontrer de quel bois était fait François Hollande, à quel point c'est un homme tenace et déterminé.

Fusil à deux coups (anti-DSK et anti-Sarko), ce storytelling de la normalité peut-il rester opérant une fois franchies les portes de l'Elysée? On en doute. Comme l'a souligné Régis Lefebvre, de l'agence Blue, lors de la table-ronde de décryptage des stratégies des candidats que Stratégies a organisée le 11 mai (lire page xx), «quand on est élu, il faut savoir embrasser l'imaginaire présidentiel, lequel se situe quelque part entre De Gaulle et Mitterrand».

Le président élu l'a pourtant répété en visitant l'exposition Monumenta au Grand Palais la semaine dernière: il «veu[t] être dans une vie compréhensible pour les Français».

Réussir ses débuts autant que Nicolas Sarkozy les a ratés en 2007 est un objectif louable. Mais attention au caractère factice de certains récits. Les «carottes râpées» de Laurent Fabius – celui-ci confessait dans un livre paru en 2003 son goût pour les choses simples – ont été difficiles à avaler.

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