On allait voir ce qu'on allait voir. Les réseaux sociaux allaient faire voler en éclats les règles en dévoilant, avant 20 heures, les résultats du premier tour de l'élection présidentielle. A quelques jours du scrutin, médias et politiques, ce vieux couple (lire notre dossier page 29), s'enflammaient sur le sujet. Twitter gazouillait comme jamais #radiolondres. Libération annonçait qu'il s'affranchirait des règles. Le parquet de Paris menaçait d'engager des poursuites. Branle-bas de combat!

Et puis... pas grand-chose. Les sites étrangers, notamment francophones, ont certes livré quelques résultats comme en 2007, des tweets ont circulé. Mais, comme tous les médias français et comme tous les sondeurs, Libération a renoncé à franchir la ligne jaune.

Une brèche a quand même été ouverte par l'AFP qui a diffusé à 18h46 une dépêche sous embargo annonçant les deux qualifiés pour le deuxième tour avec une fourchette de score... renvoyant à ses clients la responsabilité d'une diffusion auprès du grand public. Le parquet de Paris a ouvert une enquête. Bis repetita le 6 mai?

Rien de bien méchant en vérité. Mais la question demeure. Non pas celle de 18h30 ou de 20h, mais celle d'un monde dans lequel les règles nationales sont fragilisées par le caractère instantané et mondial d'Internet et des réseaux sociaux.

La question n'est pas de savoir s'il faut ou non respecter la loi, mais s'il faut ou non changer la loi. Savoir si les digues nationales vont résister. Cela vaut pour l'annonce des résultats des élections mais, plus profondément, pour tout le corpus réglementaire et législatif de l'industrie de la communication et des médias. Un beau sujet pour le prochain président de la République.

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