«On se retrouve tous sur TF1», dit le nouveau slogan de la Une. Lundi 20 février, on était loin du compte. Ce soir-là, la première chaîne inaugurait son rendez-vous électoral, «Parole de candidat». Une émission suivie par seulement 2,2 millions de Français, soit 8,9% de part de marché pour TF1. Son plus mauvais score depuis vingt ans. Cinq jours plus tard, samedi 25 février, la Une était à la hauteur de son slogan avec un autre première, «The Voice» : 9,1 millions de téléspectateurs, une part d'audience de 38%. Un très gros bide et un joli carton la même semaine sur TF1: rien ne va plus dans le prime time!
Le prime time – grosso modo de 20h45 à 22h30 – est le principal carrefour d'audience de la télévision française. Un moment stratégique pour les directions d'antenne et pour les annonceurs. Hérité des années 1980, ce carrefour est devenu très encombré, sur fond de multiplication des chaînes. Aujourd'hui complètement installée dans le paysage, la TNT est un «progrès» pour des téléspectateurs de plus en plus volages. Mais l'émiettement de l'offre – accentué par la délinéarisation de la consommation de programmes – pose un sérieux problème aux chaînes dites historiques.
TF1 est la victime emblématique de ce bouleversement. Challengée par ses concurrentes historiques, notamment M6 qui fête ses vingt-cinq ans avec le sourire, la Une l'est aussi, et toutes les chaînes traditionnelles avec elle, par la TNT. Une première réponse a consisté à jouer en défense, en rachetant par exemple des chaînes TNT. Insuffisant, bien sûr. Dans cette nouvelle bataille du prime time (lire page 6), la vraie réponse durable ne se situe pas à la périphérie mais au centre. Autrement dit dans les programmes. Cela demande inventivité, audace... et chance.