Y a-t-il un quotidien économique de trop? Alors que Les Echos semblent promis à une nouvelle étape avec l'arrivée de Francis Morel à leur tête, la question est clairement posée depuis que, jeudi dernier, la présidente de La Tribune, Valérie Decamp, a annoncé qu'elle allait demander le placement du quotidien en redressement judiciaire afin de faciliter sa cession par le tribunal de commerce.
La question du quotidien économique de trop n'est pas nouvelle: elle se pose en réalité depuis la création de La Tribune en 1985. En un quart de siècle, ce journal n'a quasiment jamais gagné d'argent. Selon les derniers chiffres de l'OJD, ses ventes payées France sont de 64 424 exemplaires, celles des Echos de 116 737 exemplaires.
Ces dernières années, les difficultés de La Tribune se sont accentuées au rythme des changements de propriétaire, trois en trois ans: Bernard Arnault, Alain Weill et Valérie Decamp. Les 45 millions de trésorerie que l'actuelle propriétaire a trouvés dans la corbeille de rachat n'ont pas permis à l'entreprise de sortir la tête de l'eau. Et encore bénéficie-t-elle d'une procédure de sauvegarde depuis presque un an, ce qui lui permet de geler ses créances jusqu'au 5 janvier 2012.
Et maintenant? Les offres de reprise de La Tribune peuvent être déposées jusqu'au 16 décembre. Nous verrons bien. Passer au tout numérique? Développer des services et des contenus à valeur ajoutée? Tout cela sonne un peu creux…
Il est question ici de pluralisme de l'information, mais aussi de viabilité économique. La qualité et la pugnacité des 165 salariés (dont 80 journalistes) qui se battent pour leur journal n'est pas en cause. Le pire pour tous ne serait-il pas un destin à la France Soir, où le louche le dispute à l'acharnement thérapeutique?