On comprend bien pourquoi Canal+ a racheté les deux chaînes de télévision de Vincent Bolloré. Bertrand Meheut met ainsi un pied dans la TNT, marché gratuit qui rebat les cartes du paysage audiovisuel français (PAF) depuis quelques années et pèse désormais un quart de l'audience de la télévision. Au passage, il jette une sacrée pierre dans le jardin de TF1 et M6. Bien joué.
Mais Vincent Bolloré? Pourquoi diable vend-il ses deux chaînes? Pourquoi au moment où elles commencent à trouver leur place, en particulier la première, Direct 8? Alors? Vincent Bolloré, dont l'essentiel de l'activité n'a rien à voir avec le PAF, n'aime-t-il plus les médias? Yannick Bolloré, l'un des fils de l'industriel, assure le contraire. D'ailleurs, le groupe devient actionnaire significatif de Vivendi, maison mère de Canal+, et conserve sa presse gratuite. Il pourrait même, dit-on, s'offrir une station de radio. Et demeure propriétaire d'Havas.
D'aucuns remarquent incidemment que si la vente de Direct 8 et Direct star peut permettre de clarifier la situation au sein de Bolloré Média entre, d'une part, les supports et, d'autre part, le conseil et l'achat d'espace, ce sera toujours cela de pris…
Reste que le doute est aujourd'hui permis sur la stratégie de Vincent Bolloré dans les médias. Au fond, personne n'en sait rien. C'est peut-être d'ailleurs la seule chose à avoir en tête s'agissant de Vincent Bolloré: l'homme est un industriel, certes, qui a décidé d'investir lourdement dans la voiture électrique, mais il est toujours à l'affût d'un bon coup financier. Cela lui confère un côté flibustier que ce Breton ne doit pas détester. Avançons, semble-t-il penser, il sera toujours temps de postrationaliser!