Quels sont les acteurs qui, pour les Français, véhiculent des valeurs positives ou négatives? Quelles mesures pourraient rendre la société française plus juste? Pour le cabinet Tilder et l'institut Montaigne, think tank créé en 2000 et présidé par Claude Bébéar, président d'honneur du groupe Axa, et leur émission Face aux idées sur la chaîne LCP-AN, Harris Interactive a mené une enquête en ligne fin mai auprès d'un panel représentatif de Français.
Qu'en retenir? Que les associations, pour près de 8 Français sur 10 (79%, dont 92% chez les 18-24 ans), l'école (71%, dont 82% chez les 18-24 ans), les citoyens eux-mêmes (66%), les artistes (62%) et, en moindre proportion, les entreprises (54%) sont identifiés comme des acteurs qui «véhiculent plutôt des valeurs positives pour la société française».
A l'inverse, les responsables politiques (pour 81% des Français), les institutions religieuses (58%), les syndicats (57%, avec un très fort clivage droite/gauche) et, dans une moindre mesure, les sportifs (52%) sont montrés du doigt par leurs concitoyens car porteurs de valeurs négatives.
Interrogés sur des propositions qu'ils «aimeraient le plus voir mises en place pour rendre le monde de l'entreprise plus juste», «l'opinion des Français se focalise sur les salaires, qu'il s'agisse d'augmenter le salaire minimum (41%), de créer un salaire maximum (25%) ou de garantir la transparence des rémunérations (23%), souligne Jean-Daniel Lévy, directeur du département Opinion & Corporate d'Harris Interactive. Le sentiment d'injusticeest davantage alimenté par une attente d'aide envers les salariés aux bas salaires, comme augmenter le salaire minimum, que par l'encadrement des plus haut salaires dans l'entreprise, telle la création d'un salaire maximum.» La prévention du stress au travail n'est pas à négliger et arrive en deuxième proposition (31% des Français).
L'augmentation du salaire minimum est davantage citée par les femmes (45%, contre 36% des hommes) et les sympathisants de gauche (50%, contre 24% des sympathisants de droite), mais aussi par les personnes sans préférence partisane (41%).
Les sympathisants de gauche soutiennent aussi davantage la prévention du stress et la création d'un salaire maximum (respectivement 31% et 29%, contre 25% et 22% à droite). Les hommes citent davantage que les femmes la création d'un salaire maximum (30%, contre 21%) et la transparence des rémunérations (27%, contre 19%).
Quant au monde politique, pour le rendre plus juste, les Français privilégient deux voies principales parmi celles proposées par Harris Interactive: l'interdiction du cumul des mandats (54%, dont 59% des sympathisants de gauche et 49% de droite), et un contrôle plus strict des dépenses publiques (53%, dont 66% chez les sympathisants de droite et 47% à gauche).
La transparence des rémunérations des politiques apparaît comme moins essentielle (31%), tout comme la limitation du nombre de mandats d'affilée possible pour un même poste (24%).
Verbatim : Jean-Daniel Levy
«Pour développer le sens du bien commun chez les jeunes, les Français s'accordent majoritairement sur deux réformes principales ayant toutes deux trait au civisme: amplifier l'éducation civique à l'école (63%) et mettre en place un service civique obligatoire (57%). Des solutions peu mises en avant par les 18-24 ans (respectivement 38% et 39%), qui leur préfèrent la prise en compte des engagements associatifs dans le calcul des droits à la retraite (45%). Une proposition soutenue par seulement 25% des Français, qui sont loin d'être majoritaires sur les orientations visant à créer de nouveaux droits pour les jeunes: seuls 15% invoquent l'obligation de prévoir des places pour les jeunes dans les entreprises et 14% le développement d'instances représentant les jeunes en politique.»