On doit à Bernard Stiegler l’emploi du mot grec Pharmakon à propos d’Internet, qui signifie à la fois remède et poison. Les Gafa nous donnent en ce moment l’image du pire. ProPublica révélait ainsi que l’algorithme de Facebook avait fabriqué automatiquement des groupes d’intérêt antisémites et qu’il était possible de viser dans des publicités « une personne qui déteste les Juifs ». Déjà attaqué pour sexisme, Google est aussi épinglé pour la possibilité de cibler les utilisateurs par des mots clés racistes ou antisémites. Preuve qu’il ne faut pas laisser les plates-formes décider seules de leur propre avenir. D’ailleurs, la constatation de l’hégémonie des Gafa devient de plus en plus partagée. Alors que des voix s’élèvent aux États-Unis pour réclamer des mesures antitrust, et que les États européens cherchent à taxer le chiffre d’affaires de ces géants au nom de la justice fiscale, il est, de plus, difficile de lire les bienfaits des plates-formes. Google Verily, pourtant, est capable de monitorer notre santé en travaillant à partir des données de 300 000 patients, ringardisant au passage la recherche médicale. Si ce n’est pas encore tout à fait l’assurance de nouveaux remèdes, cette nouvelle pharmacopée appelle, pour le moins, un sérieux check up d’image.