Il était magnifique, ce Trump, à sa conférence «d’anti-presse», comme l’écrit pertinemment Le Monde, jeudi 16 février. Droit dans ses bottes. Parfait dans son rôle d’homme d’affaires ne s'adressant qu’aux personnes auxquelles il a envie de parler, méprisant ou moquant les autres, notamment celles qui mettent à mal son business. Qu’on se le dise: Trump n’est pas un président, c’est un chef d’entreprise qui veut gérer l’Etat comme ses affaires, et donc défendre aussi bien ses décisions que les marques familiales via son compte Twitter. Pour lui, tout est rapport de force… et négociation dans ce cadre. Cette «managerisation» du politique se répand de pays en pays. Dans le langage d’abord, puis dans les idées. Macron, en France, en est le symbole ultime. Ainsi, les journalistes politiques vont devoir s’habituer à se faire railler. Ils n’ont jamais été bons pour les affaires. Ce nouveau type de personnage politique, vêtu du costume de manager, ne veut pas que l’on mette le nez dans ses affaires. «Désolé, nous ne communiquons pas sur ce sujet…»: tout journaliste économique a déjà reçu cet e-mail définitif. Communiquer est devenu synonyme d'en dire le moins possible, voire de garder silence.