Est-ce de l’information ou de la communication ? L'amalgame est fréquent : il convient de distinguer les deux pratiques, sans pour autant en faire des frères ennemis. ​​​​​​

La confusion est fréquente. Pourtant ces deux notions coexistent, parfois se complètent, sans jamais être synonymes. On peut communiquer sans informer et informer sans communiquer. L’information dévoile un fait. Qui demande à être vérifié… La communication délivre un message. Qui a été travaillé (enfin normalement…). Lorsqu’un média, une agence de presse ou un influenceur qualifie des informations en glissant quelques émotions, c’est déjà de la « com' ». On ne compte plus les gros titres orientés. On quitte alors le domaine de l’information pure pour entrer dans celui de la communication, il ne s’agit plus seulement de transmettre des faits, mais de façonner la manière dont ils seront reçus et interprétés. Or la communication a toujours un but précis : exposer un point de vue, subjectif par définition. Il s’agit alors de transmettre un message avec une intention précise.

Les journalistes reprochent régulièrement aux relations publiques (RP) de faire de la com', un argument récurrent qui repose sur une tension fondamentale entre les deux métiers. Là où les journalistes revendiquent une mission d’information factuelle et indépendante, les RP cherchent à promouvoir l’actualité de leurs clients. Cette différence nourrit parfois la méfiance des journalistes, qui perçoivent parfois les RP comme des acteurs cherchant à biaiser ou à « embellir » les faits.

Pourtant en analysant différents contenus dans les néo-médias comme dans les médias dits historiques, il n’est pas rare de tomber sur des reportages ou portraits qui ressemblent davantage à des pages de pub qu’à un relais d’information brute. Nul besoin d’un souffleur pour occulter certains aspects et fournir une vision biaisée d’une situation. La réalité est plus complexe qu’elle n’y paraît. Une approche éthique de part de tous les acteurs de la chaîne est nécessaire pour reconquérir la confiance des Français envers leurs médias. Car le contexte a changé.

Influenceurs versus journalistes ?

Certains influenceurs sont désormais traités comme des journalistes par les marques et bénéficient du même niveau d’information et d’accès aux produits et événements. Leur capacité à toucher directement une audience ciblée, n’a échappé à personne. Les journalistes ont perdu le monopole de l’information. Aujourd’hui des institutions aux grandes entreprises en passant par les micro-influenceurs et les chaînes d’infos continues, tout le monde diffuse de l’information !

Avec le développement des réseaux sociaux, chaque citoyen se revendique journaliste, penseur ou expert, parfois simultanément. Cette évolution a transformé l’espace public, en démocratisant la prise de parole et en multipliant les sources. Ce qui soulève des questions en ce qui concerne la légitimité, l’éthique et la qualité de l’information diffusée. À l’inverse, de plus en plus de journalistes adoptent des pratiques d’influenceurs, cultivant une relation directe et intime avec leurs abonnés sur les réseaux sociaux. Cette proximité bouleverse le modèle traditionnel du journalisme, qui reposait sur une certaine distance et neutralité vis-à-vis du public.

Sous l’influence successive de la radio, de la télé, et désormais des réseaux sociaux, « montrer l’histoire en marche » a beaucoup évolué en 30 ans. Nous sommes passés d’un récit linéaire, proposé par les médias traditionnels, à une diffusion participative et instantanée, façonnée par les réseaux sociaux. Si cette évolution permet une pluralité de voix et une plus grande diversité de points de vue, elle invite également à une vigilance accrue face aux biais, aux fausses informations et à la difficulté de prendre du recul. La course aux clics et l’infobésité ont fini de transformer les règles du jeu.

Un besoin de « nouveaux formats » ?

La description d’une information suffit-elle à lui donner toute sa signification ? Pas toujours à mon avis. Plusieurs éléments contribuent à donner du sens à une actualité. Son contexte d’abord, le plus complet possible, son angle ensuite, et ici la subjectivité des choix rédactionnels influence la perception. La narration intervient également, sa dimension émotionnelle peut susciter ou pas une adhésion, en apportant une dimension humaine à l’information.

Pour toutes ces raisons, on a besoin de nouveaux formats pour approfondir l’info, pour l’illustrer, l’incarner ou la questionner. Des vidéos-textes à la BD, en passant par les podcasts ou les stories, le paysage médiatique s’est considérablement développé et s’est adapté à une réception « verticale » sur nos smartphones. En combinant narration, multimédia, interactivité et participation, ces nouveaux formats sont venus enrichir la compréhension complète des enjeux sociétaux. Et la com' a son rôle à jouer dans ces nouveaux médias, nouveaux formats et de nouveaux concepts, pour aller plus loin. Ensemble. Le nouveau JT de France TV illustre parfaitement bien cette tendance. Cependant il convient d’être vigilant, lorsque derrière l’information se cache un plan de communication, les risques de manipulation de l’opinion publique sont bien réels. Traiter l’information exige de confronter des points de vue. Esprit critique et rigueur, sont attendus. Même les meilleurs se prennent parfois les pieds dans le tapis. Du JT aux quotidiens, en passant par les nouveaux médias, qui n’a pas traité la dernière conférence de Xavier Niel à l’Olympia ? Un raz de marée médiatique, était-ce bien de l’information ? Pas sûr. Information et communication ne sont ni des frères ennemis, ni des cousins incestueux. Peut-être sont-ils deux élèves qu’il faut apprendre à savoir séparer pour éviter les bavardages intempestifs…

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