TRIBUNE

Le métier de lobbyiste suscite encore bon nombre de fantasmes. Ce métier a fait sa mue, depuis quelques années : plus transparent, il est désormais davantage encadré. 

Ne nous voilons pas la face. Le lobbying, également appelé affaires publiques, relations institutionnelles ou encore plaidoyer, jouit encore parfois d’une réputation sulfureuse dans l’opinion publique. Pourtant, ce métier essentiel à l’activité des entreprises a profondément évolué. Il requiert dorénavant des compétences techniques qui ne se limitent pas au seul carnet d’adresses politique et à une influence de l’ombre. Même s’il défraie encore la chronique par moments, ce métier n’a plus rien à voir avec les caricatures dont on l’affuble trop facilement.

C’est un métier d’expertise

Exercer un rôle de lobbyiste ne consiste pas uniquement à distribuer des cartes de visite, à jouer du carnet d’adresses et à inviter des décideurs politiques dans des bonnes tables. Cette époque a pu exister mais aujourd’hui, le dialogue avec les élus ne se réduit plus à de simples poignées de main. Représenter les intérêts d’une entreprise, d’une ONG, d’un groupement professionnel ou autres requiert une connaissance fine de l’univers des politiques publiques et des institutions et une compréhension poussée et fine du secteur d’activité du client. À cela se rajoutent des sujets qui peuvent nécessiter une expertise locale, nationale, européenne quand les sujets dépassent le territoire. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que les représentants d’intérêt travaillant pour le compte des entreprises du CAC 40, ont plus de 24 ans d’expérience en moyenne, selon une récente étude du cabinet Mavence et sont en général experts diplômés en droit et sciences sociales.

C’est un métier plus transparent et encadré

Même si on attribue l’origine sémantique du mot « lobbying » aux couloirs de la Chambre des Communes en Angleterre où au XIXe siècle où se déroulaient des négociations et des transactions en dehors des débats parlementaires, le métier est depuis largement sorti de l’ombre des vestibules. En France, la loi Sapin 2 de 2016 a beaucoup œuvré pour accroître la transparence dans le processus d’élaboration des décisions publiques et dans la vie économique. Depuis, un répertoire numérique sur les relations entre les représentants d’intérêts et les pouvoirs publics est géré par la HATVP et accessible à tous sur internet. Chaque lobbyiste est tenu d’y inscrire ses liens avec les acteurs qu’il représente. Il est également astreint au respect de règles déontologiques dans les relations des lobbies avec les pouvoirs publics. Tout manquement entraîne une mise en demeure et une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 euros en cas de réitération.

C’est un métier d’extrême précision

C’est peut-être l’aspect le moins connu du métier de lobbyiste mais il n’en est pas moins essentiel et exigeant. Celui-ci consiste à mener une veille législative très pointue où il s’agit notamment d’être en mesure de repérer en amont des amendements ou des nouveautés qui peuvent impacter et influer sur tout un secteur d’activité. À charge pour lui de sensibiliser ses clients mais, aussi, les élus concernés en conciliant à la fois le doigté du diplomate et l’engagement de l’avocat pour éclairer les législateurs qui n’ont pas toujours une vision exhaustive. À lui aussi de disposer d’un réseau personnel de contacts pour obtenir des informations fiables et nourrir ses travaux de conseil et d’accompagnement. À cet égard, le métier de lobbyiste est aussi un des derniers à entreprendre sa mue digitale. Aujourd’hui, il s’appuie de manière croissante sur des outils numériques de veille et d’analyse spécifiques englobant l’actualité parlementaire, le Journal Officiel, les médias, les réseaux sociaux et les travaux universitaires. Et ce n’est pas là le moindre de ses défis !

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