Trop de dirigeants renvoient aux ressources humaines la gestion de tous les sujets humains. Il est temps d'en faire la fonction de l’union sacrée.
S’il existe bien une fonction «couteau suisse», c’est bien la fonction RH ; elle est au four et au moulin, du boulon à serrer à la grande vision de l’évolution du monde, le grand écart permanent. Mais c’est aussi la fonction alibi pour nombre de dirigeants en manque d’inspiration et de courage sur le plan humain. On a un problème de motivation, «va voir les RH», un problème de recrutement, «va voir les RH», un problème de fidélisation des talents, «va voir les RH», un problème de harcèlement, «va voir les RH»…
Même si les RH sont les championnes toutes catégories de Questions pour un champion, elles sont devenues, à leur corps défendant, le miroir déformant du manque d’exemplarité et d’engagement du management, de haut en bas de la ligne managériale. A trop vouloir des réponses bordées (au sens juridique comme des process), la plupart des entreprises ont fini par déresponsabiliser leurs managers en les transformant en simples animateurs d’équipes qui se muent souvent en petits chefs face aux objectifs à atteindre.
La plupart des problèmes et des enjeux humains en entreprise ne sont nullement liés aux RH mais au management directement ; contrairement aux idées reçues, ce n’est pas à une DRH de définir le modèle de management de l’entreprise, encore moins de formuler sa raison d’être et son ambition humaine. Ce n’est pas à elle non plus d’inventer les critères d’attractivité et de fidélisation des talents ou encore de fabriquer une marque employeur. Et oui, qu’on se le dise, la marque employeur n’est pas un sujet RH mais un sujet de gouvernance d’entreprise.
Tous les sujets humains relèvent exclusivement de la responsabilité du comité de direction, qui doit avoir une conscience humaine partagée, assumée et revendiquée. L’ambition humaine d’une stratégie d’entreprise est le premier devoir d’une équipe dirigeante, tout aussi important que la performance économique attendue. Lorsque l’on est un vrai dirigeant, on ne délègue pas l’ambition humaine de sa stratégie. Encore faut-il prendre le temps et être capable de la formuler, et en faire une vérité collective plutôt que de la soustraiter aux RH ou, pire, à des consultants.
La fonction de l’union sacrée
«Dis-moi qui est ton DRH, je te dirai quel président tu fais.» Plus que jamais cette formule a tout son sens dans le monde d’aujourd’hui. La seule vertu de la fonction RH, au-delà de toutes considération juridico-social, est de mettre l’équipe dirigeante face à sa responsabilité humaine et de créer les conditions optimales pour permettre à des humains de tous horizons d’agir ensemble en portant le même maillot. C’est la fonction de l’union sacrée et non des petits compromis permanents en fonction de l’ère du temps à l’instar du wokisme.
Cette notion d’union sacrée élève la culture d’entreprise en alpha et omega des relations humaines, et milite pour l’exclusivité culturelle de chaque société. Elle éveille chaque dirigeant au leadership spirituel, notion émergente destinée à se développer, en le menant sur la voie de l’authenticité en alignant «tête, cœur, trippes». L’authenticité est le miroir réel de l’efficacité de la fonction RH ; tout le reste n’est qu’opportunisme et langue de bois.
Dirigeants, actionnaires, de couteaux suisses, faites de vos DRH des architectes de vos ambitions humaines ; DRH ne soyez plus prisonniers des mots de votre fonctions, osez le leadership spirituel.