Puisque le site le plus «sustainable» possible est celui qui n’existe pas, il faut trouver le meilleur compromis possible pour répondre aux besoins de l’entreprise de manière impactante et efficace tout en respectant les principes et pratiques de l’écoconception.
«C’est pas Versailles ici !» Cette petite phrase, les «sustainable natives» l'ont tous ou presque déjà entendue. Or, si ce travail d’éducation à l’écoresponsabilité a été mené dans la sphère privée, les entreprises ont encore d’importantes lacunes sur le sujet. Pourtant, l’urgence climatique, les évolutions législatives qui l’accompagnent – à l’instar du RGESN (Référentiel général d’écoconception de services numériques) – et les attentes en la matière de toute une génération de candidats vont contraindre ces dernières à faire de la réduction de leur impact environnemental une priorité.
Aussi, bien que le hardware ait une empreinte carbone supérieure à celle du software, de multiples points peuvent être optimisés d’un point de vue technique, notamment lors de la refonte d’un site web. Nombreuses sont les entreprises à se questionner sur la meilleure stratégie à adopter, tout à la fois perdues par la littérature contraire sur le sujet et effrayées par les coûts potentiels comme par l’image visuelle dégradée qu’une telle démarche pourrait engendrer pour leur organisation. Il n’en est rien.
Un retour aux fondamentaux sans pour autant rogner sur le design
Écoconcevoir un site web revient avant toute chose à s’interroger sur l’essence même de ce qu’est une page internet : des lignes de codes HTML. Or, avec l’explosion de la puissance de calcul des processeurs et de la capacité de mémoire au début des années 2000, les développeurs ont souvent préféré aux contraintes liées à la «propreté» de leurs écritures la facilité de l’ajout de ressources, par nature énergivores. C’est en ce sens que l’écoconception nécessite de revenir aux fondamentaux, de sorte à optimiser et simplifier au maximum le code afin de le rendre plus performant.
Néanmoins, en ce que le site le plus «sustainable» possible reste celui qui n’existe pas, il convient de trouver le meilleur compromis possible pour répondre aux besoins de l’entreprise de manière impactante et efficace tout en respectant les principes et pratiques de l’écoconception. Et rien n’empêche de faire des choix design audacieux.
En effet, l’imaginaire collectif associe trop souvent à la démarche d’écoconception un rendu visuel sobre, très textuel, sans couleur ni image, ou alors dégradé. Or, nous disposons aujourd’hui de moyens techniques considérables pour traiter des contenus visuels, sonores et vidéos, et ainsi réduire leur poids au maximum, sans même que cela ne puisse être perceptible. Quels que soient les choix graphiques opérés, il convient de vérifier, à chaque étape du projet de refonte, l’impact et la performance des pratiques sélectionnées de sorte à s’assurer d’atteindre le niveau d’écoconception voulu, ce dans une approche faite de compromis, de nuances et de pragmatisme.
Architecture, hébergement, usage… Une responsabilité à tous les niveaux de chaine de valeur
D’aucuns diront de leur site web qu’il est écoconçu après avoir uniquement travaillé sur cette partie design. Or c’est une étape, certes essentielle, mais insuffisante. Il convient d’une part de simplifier l’architecture du site, en limitant autant que faire se peut l’ajout de fonctionnalités parfois gadgets, et d’autre part de repenser son hébergement. En effet, il est important de faire le choix d’un hébergeur plus respectueux de l'environnement, c’est-à-dire avec un indicateur d’efficacité énergétique (PUE, pour Power Usage Effectiveness) qui se rapproche de 1.
Le critère important : toute l’énergie qui entre dans le data center doit directement être utilisée pour faire fonctionner les serveurs, et donc le site. À la climatisation, on privilégiera par exemple le refroidissement des serveurs via rideaux d’eau ou bains d’huile. Des serveurs qui peuvent par ailleurs être éteints dès lors, selon les besoins liés à l’activité de l’entreprise, qu’ils ne sont pas utilisés. Si la fabrication du matériel reste la phase la plus énergivore dans le cycle de vie du numérique, en impactant ainsi son usage, il sera possible de prolonger la durée de vie des équipements informatiques, et par la même occasion leur impact environnemental.
En prenant en amont le temps de positionner le curseur sur l’échelle de l’écoconception selon ses besoins et ses aspirations, il est donc parfaitement possible de mener à bien un projet responsable de refonte de site web sans pour autant que cela ne soit plus coûteux. Si la période de réflexion stratégique sera sans doute plus longue, celle-ci est compensée par un temps de développement plus court, en plus d’économies réalisées à l’usage. Ces alternatives frugales en énergie renforcent en parallèle l’attractivité et la notoriété de la marque. Aux entreprises désormais d’oser se lancer dans ce type de projets, bons pour la planète comme pour leur marque employeur.