Partenariats avec Meta ou TikTok, rachat par l’italien MBE… Alexandre Eruimy, directeur général de Prestashop, revient pour Stratégies sur le cap qu’a passé cette société d’aide au développement de l’e-commerce sur les deux dernières années.
Partenariats avec Google, Instagram, TikTok… Vous êtes devenus incontournables dans le paysage de l’e-commerce, mais le grand public vous connaît encore assez peu. C’est quoi Prestashop aujourd’hui ?
ALEXANDRE ERUIMY. Nous sommes une plateforme d’e-commerce en open source, leader en Europe et en Amérique latine. Nous aidons les commerçants à gérer leur catalogue en ligne et leurs commandes. Ce sont plus de 300 000 entreprises qui utilisent le logiciel dans le monde, et qui génèrent au total 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En France, c’est entre 5 et 6 milliards. Nous sommes au cœur d’un écosystème de partenaires, d’agences web, de free-lances qui accompagnent les commerçants dans le développement de leur business, via la réalisation de leur site marchand. Mais tous les services associés nous lient également avec d’autres entreprises comme des solutions de paiement, de logistique (DHL, Colissimo, Chronopost…), des solutions plus marketing comme Mailchimp ou Sendinblue…
La solution est en open source, cela veut dire qu’elle est gratuite ?
Ce n’est pas le seul avantage. Cela permet au marchand d’être plus libre. Il devient totalement propriétaire de sa boutique en ligne et peut ainsi choisir où il héberge ses données et son site. Il peut aussi la personnaliser comme il l’entend, il a la main sur le code initial, peut développer une expérience personnalisée pour ses clients finaux, et intégrer une infinité d’outils pour ses équipes, adaptés à son organisation et ses processus. Cette personnalisation est une réalité avec Prestashop et nous avons beaucoup de cas d’usages omnicanaux. Que ce soit pour les équipes IT, pour les technologies embarquées en magasin, le marchand a plus de liberté et de flexibilité. En outre, le code est plus robuste, car il est testé par des centaines de contributeurs et utilisé par des centaines de milliers de marchands. Donc il y a un vrai sujet de mise à l’échelle qui est facilité. Il bénéficie de l’expérience de toute une communauté qui échange. Et cela permet de se développer sur des centaines de milliers de références. Nous sommes utilisés aussi par des grands comptes comme Brico Privé, Carrefour sur le non-alimentaire, ou encore Decathlon, dans une trentaine de pays dans le monde.
Donc aussi dans différents pays ?
Oui. Nous venons d’ailleurs de lancer un nouveau module avec Paypal, qui facilite le lancement de commerce à grande échelle. Vous bénéficiez d’une seule interface que ce soit pour la carte ou le « Wallet » Paypal (portefeuille électronique), ce qui facilite le paiement local dans des monnaies différentes pour vendre à l’international. Nous avons également lancé Prestashop Metrics, un service de mesure pour comprendre le business et agir sur différents leviers : analyse du trafic, des sources, les conversions de panier, les cohortes de clients…
C’est ainsi que vous vous rétribuez ?
Oui, nous avons développé un système d’applications avec un site dédié : addons.prestashop.com. Nous monétisons sur les différentes apps qui permettent de se connecter à d’autres solutions. Et aussi sur le support ou la formation que nous délivrons. Nous avons par exemple la Prestashop Academy, que nous avons lancée en 2018.
Sentez-vous une accélération de l’utilisation de vos services depuis la pandémie ?
Nous avons clairement passé une marche sur les deux dernières années, avec une croissance à deux chiffres. Nous avons réalisé entre 20 et 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, et nous en attendons plus de 30 millions en 2022. Beaucoup de nos clients sont des PME et ETI, comme des DNVB avancées. Des entreprises qui ont eu besoin de se lancer sur l’e-commerce ces derniers mois, aussi. Le social shopping, en plein essor, est également une des raisons de cette croissance.
Comment fonctionnent les partenariats que vous avez mis en place avec les grandes plateformes ?
L’idée consiste à simplifier l’intégration de vos outils de vente sur la plateforme, comme Instagram. Vous pouvez vérifier que vous avez validé les bonnes données pour y être accepté. Vous bénéficiez de différents outils pour vous aider à générer des campagnes, du trafic etc. Nous sommes vraiment dans la simplification de l’expérience pour les marchands, et pour leur faciliter la vie. L’outil favorise le dialogue entre votre back-office et la plateforme en adaptant la structure. Idem pour Google Shopping, le but est de pouvoir directement piloter sa marque sur la plateforme.
Les grandes plateformes sont-elles rétribuées ?
Nous favorisons le dialogue entre le site de la marque et les plateformes. Rien d’autre. Elles gagnent de l’argent selon leur business model classique, par les campagnes directement générées par la marque.
Vous venez d’être racheté par l’italien MBE Worldwide. Qu’est-ce que cela va changer concrètement pour Prestashop maintenant ?
L’italien MBE Worldwide n’est pas un concurrent, mais une société positionnée différemment sur la chaîne de valeur. Donc davantage complémentaire. Si nous, nous sommes sur le commerce en ligne, l’accès à la connexion, le marketing, MBE a un réseau de franchisés, et se positionne davantage sur la logistique, le stockage et le service client. Ils sont plus en aval sur l’activité d’e-commerce. Le recoupement entre nos activités est quasi nul. Même au niveau géographique, nous sommes complémentaires, puisqu’ils ont 2 800 sites et 10 bureaux dans le monde, aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande… Avec cela nous aurons de nouveaux clients en base, et pourrons leur proposer une approche encore plus intégrée des services. Avec cette acquisition, MBE devient notre maison mère, et Prestashop devient filiale à 100 % du groupe. Mais l’organisation reste à Paris, et inchangée. L’enjeu, c’est de nous adosser à MBE Worldwide, et de développer des synergies commerciales. Que ce soit sur les clients ou de nouvelles offres.