Télévision

Nommé à la tête de TF1 après l’échec de la fusion avec M6, Rodolphe Belmer aura pour défi de conduire le groupe à travers un marché concurrentiel dynamisé par les plateformes.

Peser face aux Gafa et aux plateformes. Tel était l’argument phare en faveur de la fusion TF1-M6. Si l'argument n’a donc pas été entendu, la problématique reste d’actualité pour les deux groupes, chacun de leur côté, dans un marché dont le caractère concurrentiel devrait encore s’accroître dans quelques mois, notamment avec l’arrivée de Netflix sur la publicité. Côté TF1, Rodolphe Belmer, ex-directeur général d’Atos, d'Eutelsat Communications et surtout de Canal+, où il a œuvré près de quinze ans, a été jugé comme étant l’homme de la situation. C’est à lui que reviendra d’entraîner le groupe, seul, dans ce qui reste un défi. Pour cela, celui qui est aussi administrateur de Netflix devrait s’appuyer sur divers atouts et activités de son nouvel employeur. « La vision du groupe Bouygues et de TF1, c’est de se renforcer dans les contenus et d’accélérer la plateformisation », explique-t-on à TF1.

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Côté contenus, Rodolphe Belmer apparaît comme un expert. Il avait, comme patron, changé la physionomie de Canal+, en favorisant la création de programmes originaux (Le Bureau des légendes, Engrenages, Braquo…) ou encore en renouvelant le clair avec Le Grand Journal. Un cran au-delà, le groupe aura sous son impulsion une carte à jouer au niveau de la production. Gilles Pélisson, son prédécesseur, encore en poste jusqu’à février 2023, compte à son actif la constitution d’un pôle de production fort : il a transformé Newen Studios, filiale spécialisée dans la production et la distribution, en une entité largement présente à l’international, collaborant y compris avec les plateformes. En témoigne la vente de la série phénomène HPI dans une centaine de pays. « Newen est de loin le premier producteur en France en 2021 avec plus de 400 heures de programmes (documentaires, fictions, spectacle vivant, hors flux) », souligne Philippe Bailly, président de NPA Conseil, société spécialisée dans les médias et la transformation numérique. Le fait que Rodolphe Belmer ait une expérience des maillons essentiels de la chaîne (télécoms avec Atos et Eutelsat, diffusion avec Canal+…) pourrait peser dans cette stratégie. « Il aura un chantier de lobbying à mener pour que les pouvoirs publics reviennent sur la vision cherchant à séparer producteurs et diffuseurs », complète l’expert, rappelant la réglementation en vigueur sur la production indépendante.

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S’agissant de la plateformisation, TF1 souhaite amplifier son développement sur le streaming. « MyTF1 est surtout identifié comme une plateforme de replay, alors qu’aujourd’hui c’est une plateforme de streaming gratuit avec une offre beaucoup plus riche », appuyait François Pellissier, directeur général adjoint business et sports, lors d’une interview à Stratégies publiée le 25 août. Rodolphe Belmer avait aussi été l’homme du développement de la plateforme MyCanal. En parallèle, TF1 déploie une offre payante, MyTF1 Max, qui pourrait aussi être renforcée. « Le défi de TF1, c’est avant tout de porter ses points forts, à savoir sa capacité à éditer des programmes, qui peuvent plaire au plus grand nombre, en s’adaptant à la manière de les distribuer sur de nouveaux environnements et écrans », note Philippe Bailly. 

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